Débat sur le changement ou la révision de la constitution : “ tout ce temps qu’on perd, toute cette énergie autour n’est qu’une distraction ” (Cardinal Ambongo)

Le Cardinal Ambongo célèbre s'adressant au Pape François lors de la messe le 1er février à Kinshasa
Le Cardinal Ambongo célèbre s'adressant au Pape François lors de la messe le 1er février à Kinshasa

Lors d’une messe avec tous les jeunes de l’Archidiocèse de Kinshasa, au terrain du collège Saint Raphaël, ce dimanche 24 novembre, Fridolin Cardinal Ambongo s’est invité sur le débat de l’heure autour de la révision ou du changement de la constitution de la RDC. 

L'archevêque de Kinshasa a sévèrement critiqué cette démarche, estimant, comme d’aucuns, que les “priorités” de la société congolaise sont pour le moment ailleurs.  

« Au lieu de s’occuper de la jeunesse abandonnée et se soucier d’elle ainsi que son avenir par des actions et des initiatives concrètes, bien réfléchies et planifiées, on nous parle de changement constitutionnel », a déclaré le Cardinal Ambongo sous des acclamations des fidèles, avant de s’interroger : « est-ce que c’est le changement constitutionnel qui va nous donner un avenir ou du travail après nos études ? C’est ce changement qui nous permettra de quitter Masina et d’arriver à Gombe à temps sans embouteillages de la ville ? ». 

Fridolin Ambongo déplore une jeunesse “de plus en abandonnée à son triste sort, sans perspectives et qui voit son avenir bouger”. Pour lui, il faut des actions et initiatives pour que cette jeunesse espère de nouveau. « Tout ce temps qu’on perd, toute cette énergie autour de changement constitutionnel, n’est qu’une distraction », a ajouté le pasteur. 

La célébration eucharistique du jour autour des jeunes en ce dimanche de Christ Roi de l’Univers, qui marque, dans l’église catholique, la fin de l’année liturgique pour en ouvrir une nouvelle, a pour thème : “ ceux qui mettent leur espérance dans le seigneur marchent sans se fatiguer”. 

Le Cardinal a ainsi exhorté ses jeunes de l’Archidiocèse de Kinshasa “ à tourner leurs regards vers le Christ, le roi de l’Univers”, car dit-il, “ lui seul est votre espérance”.

Contexte 

Le débat autour de la révision ou du changement de la constitution tel que déclenché depuis par le président Félix Tshisekedi divise. D’ailleurs, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti au pouvoir, a annoncé le lancement d’une campagne en faveur du changement - et pas la révision - de la Constitution de 2006, qu’elle juge inadaptée aux aspirations du peuple congolais. Cette annonce marque un tournant dans le débat en cours alors qu'il ne devrait s’agir, initialement, que d’une simple révision. Félix Tshisekedi a exprimé son intention de créer, en 2025, une commission multidisciplinaire pour étudier une éventuelle modification de la loi fondamentale.

L’opposition, regroupant des figures politiques telles que Delly Sesanga, Denis Mukwege, Martin Fayulu et Moïse Katumbi, a dénoncé ce projet comme une tentative de subversion des institutions démocratiques. Parallèlement, la société civile a également pris position contre cette initiative. Le Forum citoyen a lancé une campagne de défense de la Constitution actuelle, estimant que toute modification viserait à permettre à Félix Tshisekedi de briguer un troisième mandat.

Face à ces critiques, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a appelé au dialogue et invité les opposants à participer à la commission annoncée pour exprimer leurs réserves.

Japhet Toko