Comme de nombreuses autres mères dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), Furaha a passé une grande partie de sa vie de parent à protéger ses enfants du conflit incessant qui perturbe son quotidien, tout en réfléchissant à la manière de trouver suffisamment de nourriture pour sa famille.
Elle a fui Kitchanga, dans le territoire de Masisi, à l’est de la RDC en 2023, suite à l’intensification du conflit. La sécurité de ses enfants étant sa priorité absolue, elle a entrepris un périple éprouvant d’une semaine pour trouver un refuge.
Elle a confié au PAM :
« Les combats s’étaient intensifiés et nous n’avions pas d’autre choix que de fuir. Nous avons passé une semaine en fuite avant de trouver refuge dans le camp de fortune de Bulengo, près de Goma, en février 2023. »
L’arrivée à Bulengo et l’assistance alimentaire
À leur arrivée à Bulengo, Furaha et sa famille ont été accueillies par le gestionnaire du camp et ont rapidement reçu l’assistance alimentaire tant attendue du Programme alimentaire mondial (PAM).
Cependant, malgré une assistance continue pendant un an, 2024 a apporté de nouveaux défis. Avec l’augmentation des besoins, les déficits de financement ont conduit à une assistance alimentaire sporadique, mettant les familles déplacées sous une pression encore plus grande.
Un contexte d’aggravation de l’insécurité alimentaire
Les récentes données du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) montrent que, bien que l’insécurité alimentaire générale en RDC reste stagnante, la situation dans les provinces orientales de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu s’est aggravée. En effet, 6,2 millions de personnes y sont confrontées à des niveaux de crise ou d’urgence de faim, contre 5,4 millions à la mi-2024, principalement en raison des conflits et des déplacements continus.
Furaha témoigne de cette réalité :
« Nous avons commencé à penser que nous allions mourir de faim. Nous avons reçu une assistance alimentaire en janvier et février 2024, mais rien en mars et avril. »
Les défis des organisations humanitaires
Les déficits de financement, communiqués aux responsables du camp par les équipes du PAM, ont mis en lumière la dure réalité à laquelle sont confrontées les organisations humanitaires travaillant avec des ressources limitées. Ces lacunes ont eu un impact direct sur des mères comme Furaha, déjà accablées par les effets du conflit et de la perte de revenus.
Ce soutien irrégulier a forcé Furaha et ses enfants à adopter des stratégies dangereuses pour survivre. Ils se sont aventurés dans le parc pour ramasser du bois de chauffe, s’exposant ainsi au risque d’enlèvement et d’agression.
« Nous avons commencé à chercher du bois dans le parc avec tous les risques que nos enfants soient enlevés ou violés. »
Un nouveau souffle grâce à l’assistance en espèces
Dans cette situation critique, Furaha a récemment reçu une assistance en espèces en mai 2024, offrant une lueur d’espoir. Ce soutien financier généreux d’ECHO permet aux familles de recevoir 72,000 CDF par personne, un montant crucial pour leur survie et leur sécurité alimentaire.
Furaha exprime son soulagement :
« Je suis tellement soulagée de recevoir enfin de l’argent ce mois-ci. Cet argent va m’aider à soutenir ma famille. Nous étions déjà affamés. Avec cette aide en espèces, je suis confiante que je pourrai acheter de la farine, du charbon, des haricots et tout ce dont nous avons besoin. Avec le reste de l’argent, je vais en économiser un peu et peut-être aussi acheter des chaussures pour mes enfants. »
Depuis mai, Furaha reçoit régulièrement une assistance en espèces. Malgré ces efforts, un retour chez elle n’est pas envisageable, car le conflit continue de s’intensifier.
Des besoins toujours croissants
Le PAM a souligné l’urgence de la situation : il a besoin de 350 millions de dollars US d’ici avril 2025 pour aider les familles touchées par la crise dans l’est de la RDC. Malgré les efforts en cours, les besoins humanitaires restent colossaux.