Le procès de Seth Kikuni, opposant politique et président du mouvement « Piste pour l’émergence », s’est ouvert ce mercredi devant le tribunal de paix de Kinshasa-Gombe, en foraine à la prison centrale de Makala. L’opposant est poursuivi pour des accusations d'incitation à la désobéissance civile et de diffusion de faux bruits, après des déclarations controversées tenues à Lubumbashi fin août.
Seth Kikuni, en état de santé critique selon ses avocats, a comparu devant le tribunal, ses défenseurs ayant introduit une demande de liberté provisoire pour qu'il puisse recevoir des soins médicaux. Cependant, le ministère public s’est opposé à cette demande, affirmant que l’opposant constitue "un danger pour la nation". La décision du tribunal est attendue dans les 24 heures.
Déclarations controversées à Lubumbashi
Il est reproché à Seth Kikuni d’avoir tenu, le 27 août 2024, à Lubumbashi, des propos incitant la population du Haut-Katanga à désobéir aux lois. "Le Congo va mal parce que le grand Katanga va mal. Le Congo va mal parce que vous les grands Katangais, qui êtes réputés être des résistants, des guerriers, des combattants, des révolutionnaires, vous faites semblant de ne pas voir ni d’entendre ce que même les aveugles et les sourds ont déjà vu et entendu," avait-il déclaré lors d'une intervention publique.
L’opposant avait poursuivi en affirmant que les Katangais étaient "les premières victimes de l’intolérance, de la prédation, de la dictature et des insultes du régime en place". Selon lui, la région était humiliée et exploitée, au point que "tout le grand Katanga est transformé aujourd’hui en un grand forage." Seth Kikuni avait exhorté la population à "se réveiller, braver la peur" et à ne pas laisser l’insécurité et la prédation devenir la norme.
« Réveillez-vous, levez-vous, bravez la peur, apprenez définitivement à dire non. Ne laissez pas l’insécurité [et] la prédation devenir des normes ici. Vous avez appris que le président Félix Tshisekedi veut changer la Constitution avec ses institutions illégitimes […]. Tshisekedi a triché aux dernières élections et, depuis qu’il est au pouvoir, la situation sécuritaire et économique du pays s’est détériorée […]. Nous allons le stopper, et nous comptons sur vous," avait-il ajouté.
Accusations du ministère public
Selon le ministère public, ces déclarations de Seth Kikuni ont sciemment répandu "des faux bruits de nature à alarmer la population, à les inquiéter ou les exciter contre le pouvoir public". L'accusation estime que ces propos, qualifiés de "préfabriqués" et "décontextualisés" par ses avocats, visent à inciter la population à la désobéissance civile et à semer la confusion.
Le transfert de Seth Kikuni au centre pénitentiaire de Makala avait eu lieu le 28 septembre, après une détention prolongée dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR) et une audition au parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. Le cadre de concertation des forces politiques et sociales, dont il est membre, a dénoncé un "acharnement" et réclamé sa libération immédiate, qualifiant son dossier de "vide".