Le procès mené contre le journaliste Charles Onana n'est rien d'autre qu'une « menace contre la diffusion des vérités historiques ignorées ou manipulées ». C'est ce qu'a dit, mercredi 9 octobre, à Goma, le Professeur Colonel Alain Alisa Job, responsable de l'Université des martyrs du Congo (UNIM), établissement public qui encadre, gratuitement, les étudiants orphelins des militaires et autres victimes des conflits armés dans l'Est du pays.
Il invite, à cette occasion, tous les écrivains, chercheurs et autres scientifiques congolais à s'aligner derrière Charles Onana en promouvant la liberté d'expression et de recherche indépendante et ainsi faire face aux manipulations historiques orchestrées par des puissances politiques.
« Charles Onana est devenu une figure respectée et admirée par beaucoup en République Démocratique du Congo, où il est perçu comme un défenseur de la vérité historique. Son travail a permis de mettre en lumière des faits que de nombreux chercheurs ou politiciens hésitent à aborder, en raison de leur sensibilité ou des risques encourus. Ses révélations sur l'implication du Rwanda dans le soutien au M23 et d'autres groupes armés en RDC ont renforcé son image de véritable Congolais, au-delà de ses origines camerounaises », a reconnu le Prof Col Alain Alisa Job, responsable de l'UNIM.
Cet enseignant d'université préconise, entre autres comme action, la publication d'un manifeste collectif pour exprimer un soutien public à Charles Onana.
« Ce manifeste rédigé, signé et publié par les intellectuels, enseignants, et chercheurs visé à exprimer un soutien public à Charles Onana. Ce document mettrait en avant l'importance de la liberté académique et de l’indépendance des chercheurs, tout en dénonçant la manipulation de l’histoire et les pressions politiques visant à étouffer la vérité ».
Il suggère plusieurs autres actions concrètes pour matérialiser le soutien à Charles Onana. Entre autres, « l’organisation des colloques, webinaires, ou débats dans les universités pour sensibiliser l’opinion publique à l’affaire Onana et aux enjeux historiques qu’il met en lumière. Ces événements permettraient, selon lui, de promouvoir le dialogue académique et de discuter de l'importance des recherches critiques dans les contextes africains ».
Le professeur colonel Alain Alisa Job propose également l'utilisation des plateformes numériques, réseaux sociaux, et médias spécialisés pour diffuser largement les informations sur le procès de Charles Onana. Il s’agit “d’amplifier sa voix et de mobiliser un soutien international”.
Autre proposition du Prof Colonel Job, la création d'un fonds de soutien pour « couvrir les frais juridiques et de défense de Charles Onana, mais aussi pour financer des recherches et des publications futures qui prolongeraient son travail sur la vérité historique concernant les conflits en Afrique ».
Il suggère enfin la production des Œuvres Scientifiques et Littéraires, les Lobbyings et Plaidoyer auprès des Institutions ainsi que la collaboration entre Universités Africaines afin de « renforcer la collaboration entre les universités africaines en matière de recherche sur les questions géopolitiques et historiques, et développer un réseau de soutien entre les chercheurs africains pour protéger leurs travaux et leurs idées contre les ingérences politiques ».
Contexte
Charles Onana, de nationalité franco-camerounaise, est poursuivi aux côtés de son éditeur pour « contestation de l’existence d’un crime de génocide », en rapport avec le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, suite à des propos tenus dans son livre ‘Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise’, publié en 2019. Cette affaire a été portée devant la justice par des plaintes de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et l’association Survie.
Lors de l’ouverture du procès, lundi 7 octobre 2024, devant le tribunal correctionnel de Paris en France, Charles Onana a réaffirmé son engagement en faveur de la reconnaissance des souffrances des Congolais, déclarant : « C’est important que le peuple congolais retrouve sa dignité, sa fierté. On doit reconnaître le statut de victime du peuple congolais. On ne peut pas avoir 10 millions de morts et faire comme si ce n’était rien. Pour moi, les victimes congolaises existent. Il faut leur donner un visage. »
Jonathan Kombi, à Goma