Elle vit dans la ville de Goma, au Nord-Kivu, femme battante, évoluant depuis quelques années dans le secteur de la littérature du côté de l’édition. Laetitia Zawadi Tembeya Malira a fait ses premiers pas dans l’écriture avec le livre Guerre dans l’Est, guerre de l’Est, sorti en juin dernier. Un livre sur une thématique qui intéresse et qui fait son chemin.
Elle a repoussé ses limites pour participer, pour la première fois, à un concours littéraire, la sixième édition du prix Zamenga, et le 14 septembre dernier, elle a appris qu’elle faisait partie des 10 lauréats, occupant la 4e position. Une carrière qui se dessine dans la littérature ? Laetitia Zawadi Tembeya Malira se confie à ACTUALITÉ.CD.
ACTUALITÉ.CD : Quelle a été votre réaction en apprenant que vous aviez été retenue parmi les lauréats de la sixième édition du Prix littéraire Zamenga ?
Laetitia Zawadi Tembeya Malira : Apprendre que j’ai été retenue parmi les lauréats de la sixième édition du prix littéraire Zamenga a été pour moi une expérience à la fois innovante et exaltante, car c’était ma toute première fois d’écrire une nouvelle. C’est vrai que j’écris depuis très longtemps, et déjà l'année passée, en 2023, j'avais décidé de publier mon premier livre cette année (2024).
Étant donné que la date limite de la compétition était bien avant la publication de mon livre, j'avais l'ambition de participer à cette compétition pour évaluer mes capacités littéraires, et c’est ainsi que je me suis dit : « Je vais essayer de voir ce que ça va donner ». Il faut dire aussi que c’était la première fois que je participais à un concours littéraire, donc c’était à la fois une aventure et un défi que je voulais relever.
À qui dédiez-vous cette consécration, ou à qui devez-vous cette première dans le Prix Zamenga ?
Je la dédie et en même temps je la dois à une personne qui m’est chère, mon mari. Quand je lui ai parlé de la compétition, il m'a demandé : « Est-ce que toi, tu as déjà écrit une nouvelle ? ». C’est vrai, le thème de la femme était intéressant et inspirant, mais quand j’ai commencé à écrire, je me suis dit que ça ne valait pas la peine, que c'était la première fois et que je n'irais pas aussi loin que je l'espérais.
J’étais un peu pessimiste, mais il m’a encouragée, il m’a dit : « Vas-y, tu peux le faire, et si tu n'y arrives pas cette première fois, tu feras mieux la prochaine fois, mais cela te rendra quand même plus compétitive ». Je dois avouer que je lui dois ce prix.
Une quatrième place encourageante, cela vous donne-t-il la force de revenir les années suivantes pour chercher la première place ?
Oui, cela me donne la force de revenir les années suivantes, car comme toute personne qui participe à une compétition, j'aimerais bien avoir la première place. Déjà, avec une première tentative, j’ai obtenu la quatrième place, alors que je n’étais pas très ambitieuse. C’était juste pour essayer, mais je sais que l’année prochaine, je reviendrai plus forte, avec l’objectif de gagner.
L’écrivain Zamenga, dont le prix porte le nom, quel est votre regard sur lui et son œuvre littéraire ?
Tout le monde sait que Zamenga est une figure emblématique de la littérature au Congo, et même en Afrique. Personnellement, j’ai un profond respect pour son œuvre et sa plume. Je trouve que sa manière d’écrire témoigne d’un engagement fort et d’un style captivant. Toutes ses œuvres représentent pour moi un héritage et une source d’inspiration. Quand je le lis, j’ai l'impression qu'il est en face de moi, en train de me raconter la scène. J’ai un grand respect pour lui et pour sa plume.
Que raconte votre nouvelle ?
Ma nouvelle raconte l’histoire d’une fille de ma ville, et le titre est Les ailes de la liberté. J'y ai ajouté un peu de fiction, mais je me suis inspirée de l’histoire d’une fille qui ambitionnait de devenir pilote depuis son enfance. Après avoir suivi des études secondaires en aviation civile, ses parents n’avaient malheureusement pas les moyens de l’envoyer à l’université correspondant à ses ambitions. Elle a donc suivi une formation pour devenir garde du parc national de Virunga.
Pendant sa formation, elle a postulé plusieurs fois pour des bourses à des universités d’aviation civile, sans succès. Mais après une année, elle a reçu une réponse positive d'une université aux États-Unis, où elle est devenue pilote commerciale après trois ans d’études.
L’année 2024 est-elle la vôtre du point de vue littéraire, après la parution de votre livre et ce prix national ?
Oui, cette année est particulièrement significative pour moi, car après la parution de mon premier livre, je suis désormais lauréate d’un prix national. Cela me donne un fort sentiment d'encouragement pour envisager de nouveaux horizons littéraires.
Peut-on dire que votre carrière d’écrivaine est lancée ?
Il semble que la littérature m’a adoptée et que ma carrière d’écrivaine est effectivement lancée. Je précise que je me suis d'abord lancée dans le monde de l’édition avant de décider de me publier moi-même. J'ai fondé ma propre maison d'édition à Goma, « Ukweli Edition », qui a déjà édité quatre livres, dont le mien, et trois autres sont en cours d'édition.
Quels sont vos projets d’avenir ? Déjà un prochain livre en préparation ?
En tant qu’écrivaine et éditrice, je travaille sur plusieurs projets passionnants. Comme je l’ai dit, j’accompagne trois auteurs dans l’édition de leurs œuvres, et j'ai moi-même plusieurs projets d'écriture en cours, mais je préfère pour l’instant les garder en réserve afin de les concrétiser au moment opportun.
Propos recueillis par Kuzamba Mbuangu