La défense de Jean-Jacques Wondo, ancien conseiller principal de l’Administrateur Général de l’Agence nationale de renseignements (ANR) en charge des réformes, qui comparaît comme prévenu dans le procès de tentative de coup d’État du 19 mai dernier, continue de clamer haut et fort l'innocence de leur client dans cette affaire.
Lors de l'audience de ce vendredi 16 août, devant le Tribunal Militaire Kinshasa/Gombe, siégeant en audience foraine à la prison de Ndolo, les experts ont présenté les résultats de l'analyse des téléphones de Jean-Jacques Wondo. Ce rapport, soutenu par les accusations du ministère public, établit des liens entre l'expert belgo-congolais Jean-Jacques Wondo et Christian Malanga, via une personne interposée appelée Malusha.
Pour la défense de Jean-Jacques Wondo, le ministère public, représenté par le lieutenant-colonel Radjabu Bashiru Innocent, n’a jamais démontré le moindre lien direct entre Jean-Jacques Wondo et Christian Malanga, le chef de bande qui avait attaqué le Palais de la Nation en annonçant la fin du régime de Félix Tshisekedi.
"Je l'appelle rapport d'experts par courtoisie, mais en réalité, il n'en est pas un, car comme tous les juristes le savent, un rapport d'experts doit être signé, daté, et l'expert qui rédige ce rapport doit également être identifié. Or, ces éléments essentiels manquent dans ce prétendu rapport. De plus, vous avez suivi avec nous les images projetées, les différentes conversations et contacts que Malanga a eus avec diverses personnes, mais vous n'avez vu aucune conversation ni aucun contact direct entre Jean-Jacques Wondo et Malanga," a déclaré Carlos Ngwapitshi Ngwamashi, avocat du collectif de la défense du prévenu Jean-Jacques Wondo.
Et d'ajouter : "Même par personne interposée, vous ne l'avez pas vu. Toutes les images ont été projetées, montrant Malanga Christian en conversation avec Youssouf Ezangi et d'autres personnes. Nous avons demandé aux experts de retrouver ces éléments, mais ils en ont été incapables. Nous estimons que cette audience a permis de clarifier que Jean-Jacques Wondo n'a jamais été en contact avec Malanga, qu'il ne connaît pas cette histoire, et que les preuves sont là."
Selon cet avocat, au regard du rapport présenté par les experts, le ministère public doit être déçu, car ce rapport prouve encore une fois l'innocence de son client.
"Le ministère public nous avait promis que la comparution des experts démontrerait l'implication de Jean-Jacques Wondo dans cette affaire. Vous avez vu les images projetées, vous avez vu la présence des éléments de New Zaïre, mais vous n'avez jamais vu Jean-Jacques Wondo. Le raccordement est basé sur une pièce établie par les experts eux-mêmes, où ils associent la photo de Malusha à deux numéros de téléphone, prétendant que ces deux personnes ont parlé. Ce n'est pas correct ni suffisant. Ici, la preuve matérielle est absente. Dans ce cas d'espèce, les prétendus experts ont été incapables d'établir ce lien, donc j'ai conclu que Jean-Jacques Wondo n'était pas impliqué dans cette affaire," a martelé Carlos Ngwapitshi Ngwamashi.
Par ailleurs, il s'est réjoui des témoignages du réceptionniste et du portier de l'hôtel Pajela, où son client logeait, et qui ont affirmé au cours de l'audience que la jeep de Wondo, dotation de l'ANR, était bel et bien à l'hôtel les 18 et 19 mai, contrairement aux affirmations du Ministère Public.
"Vous avez également vu les sentinelles de l'hôtel Pajela et le réceptionniste, qui ont tous comparu et confirmé que le véhicule de Jean-Jacques Wondo était à l'hôtel Pajela les 18 et 19 mai, au moment où les événements se déroulaient au Palais de la Nation. Le ministère public accuse notre client d'avoir utilisé ce véhicule pour transporter Malanga et le corps d'Aboubacar, tué dans la résidence de Vital Kamerhe. Aujourd'hui, la preuve contraire est là, et le ministère public est à bout d'arguments," a argué Carlos Ngwapitshi Ngwamashi.
L’instruction dans l’affaire du coup d’État manqué et de l’attaque de la résidence de Vital Kamerhe s’est clôturée ce vendredi 16 août devant le tribunal militaire de garnison de la Gombe, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo. Après avoir interrogé les prévenus et reçu le rapport des experts, la juridiction militaire s’est estimée convaincue par les éléments rapportés. Après une discussion pour la fixation de la prochaine audience, qui sera consacrée à la plaidoirie, le tribunal a renvoyé l’affaire au 26 août.
Les 51 prévenus sont poursuivis pour terrorisme, détention illégale d’armes de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtres, et financement du terrorisme, des infractions punissables jusqu’à la peine de mort.
Clément Mwamba