Depuis près de trois décennies, la partie Est de la République Démocratique du Congo est en proie aux violences de groupes armés, locaux et étrangers suite aux multiples conflits incessants. Avec la résurgence des rebelles du M23 soutenus par Kigali ont été marquées par un pic d'insécurité, avec une augmentation de l'activité de ces groupes armés dans trois provinces à savoir le Nord Kivu, Sud-Kivu et l'Ituri.
Face à ce tableau sombre marqué par la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire, la première ministre, Judith Suminwa a invité les membres du gouvernement à déployer d’efforts en vue d'affecter les ressources financières aux projets d'investissements et de développement alignés dans le programme d'actions du gouvernement.
"Il n’est plus nécessaire de rappeler que notre Gouvernement arrive dans un contexte sécuritaire qui demeure très difficile. Ce dernier reste marqué principalement par l’escalade du conflit dans la partie Est du pays notamment, la guerre menée par le Rwanda avec ses supplétifs du M23. Ces tensions sécuritaires ont comme conséquences, le déplacement massif des populations, on en compte environ 7 millions à ce jour, sans oublier d’énormes pertes en vies humaines et des destructions du patrimoine national", a rappelé mardi 22 juillet 2024 la première ministre dans son discours au deuxième jour du séminaire gouvernemental.
De ce fait, elle a insisté sur une gestion efficiente des ressources financières.
"Comme vous le savez ou avez pu le constater, le coût global de la guerre est astronomique. Cette situation induit des dépenses exceptionnelles supplémentaires qui auraient pu être allouées au financement du développement national. C’est pourquoi notre Gouvernement est contraint de déployer tous les efforts nécessaires pour apporter une solution adéquate en vue de restaurer la paix et la sécurité ainsi qu’assurer l’intégrité territoriale mais aussi de rationaliser les dépenses pour préserver la part des investissements prévus dans le programme d'actions du gouvernement (PAG) 2024-2028", a-t-elle indiqué.
Selon les chiffres du tableau évolutif annuel des opérations du trésor publiés par la Banque centrale du Congo (BCC), à la date du 5 avril 2024, le pays a mobilisé 1,73 milliard $ et les dépenses effectuées s’élèvent à 1,88 milliard $, enregistrant un déficit de 156,4 millions $. Ce déficit est dû notamment aux dépenses non conformes aux normes en la matière des finances publiques, ne suivant pas le circuit normal des dépenses publiques. A titre d'exemple, 66% des recettes réalisées au 5 avril 2024 ont été consacrées aux frais de rémunération, dépassant largement les 45% de consommation des recettes autorisées par le Ministère du Budget et la barre de 35% du standard international. Entre 2020 et 2021, les dépenses de rémunération représentaient 74% des opérations financières de l'État. De quoi soulever la question de la dépense publique en RDC.
Ce déficit budgétaire s’explique aussi par l'explosion des dépenses exceptionnelles. A la période sous analyse, elles se situent à 507,8 millions $, soit 29% des recettes mobilisées au 5 avril de l’exercice budgétaire en cours. Or, selon les instructions relatives à l’exécution de la loi des finances l’année du Ministère du Budget, les dépenses « exceptionnelles » concernent les opérations militaires ou les situations d'urgence comme les catastrophes naturelles.
Clément MUAMBA