Deux agents humanitaires ont été tués au cours d’une attaque des personnes inconnues contre un convoi de l’ONG Tearfund dans la nuit de dimanche à lundi 1er juillet dans les environs de Butembo (Nord-Kivu). Cinq jeeps 4x4 de cette organisation humanitaire ont été incendiées. Ce mardi, le coordonnateur humanitaire, Bruno Lemarquis a condamné cette attaque et a déploré la mort de deux travailleurs humanitaires.
« À un moment où les besoins humanitaires sont immenses, il est inacceptable que ceux qui s'efforcent d'aider les personnes affectées soient attaqués et tués. Ces attaques contre les travailleurs et les biens humanitaires sont absolument répréhensibles. Elles menacent la vie de nos équipes et privent de nombreux civils congolais dans le besoin de l'aide vitale dont ils ont désespérément besoin pour survivre. Cela doit cesser », a indiqué Bruno Lemarquis.
Le convoi revenait du territoire de Lubero où la situation sécuritaire s’est dégradée davantage à la suite des violents combats entre les Forces armées de la République démocratique du Congo et les rebelles du M23. Ces derniers se sont accaparés de Kanyabayonga, Kayna et Kirumba, d’importantes agglomérations de la région depuis le week-end dernier.
Cette progression des rebelles sur le terrain des combats a suscité de tension à Butembo et ses environs. Des manifestations ont éclaté dans plusieurs coins. Des jeunes se sont érigés en patrouilleurs afin de « barrer la route aux rebelles ». C’est dans ce contexte que le convoi de Tearfund a été attaqué.
« J'en appelle à toutes les parties au conflit à assumer leurs responsabilités et à mettre fin à cette spirale de violence qui entrave notre capacité à secourir ceux qui en ont le plus besoin. Il est temps que tous les acteurs impliqués, ainsi que ceux qui ont une influence sur les parties au conflit, travaillent ensemble pour une désescalade immédiate des violences et un retour à un dialogue politique afin de trouver une solution durable au conflit. Il est également important d’augmenter les efforts en vue de promouvoir des solutions durables pour les personnes déplacées dans les zones où les conditions sont réunies », a lancé M. Lemarquis tout en rappelant que « les humanitaires ne sont pas des cibles, de même que les populations civiles ne sont pas des cibles ».
Depuis le début de l'année, plus de 170 incidents sécuritaires ont directement ciblé les travailleurs humanitaires, causant au moins quatre morts et 20 blessés.
Plusieurs organisations humanitaires ont quitté Lubero depuis l’aggravation des combats. Cette situation pourrait avoir des conséquences humanitaires dans la région qui enregistre de nombreux déplacés. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), la province du Nord-Kivu abrite au total 2,8 millions de personnes, dont environ 518 000 qui étaient déjà déplacées dans le territoire de Lubero suite à la reprise des combats dans les territoires de Rutshuru et Masisi en mars 2024.