En visite en République Démocratique du Congo (RDC), Janez Lenarčič, Commissaire européen à l'aide humanitaire, a clarifié pour les internautes de ACTUALITE.CD le contexte et les finalités du protocole d'accord signé entre l'Union européenne (UE) et le Rwanda sur les matières premières critiques.
« Le protocole d'accord avec le Rwanda sur les matières premières critiques s'inscrit dans un effort plus large visant à transformer le trafic régional de minerais en un commerce durable », a déclaré Lenarčič. « En fait, il s'appuie sur la signature du protocole d'accord avec la RDC en octobre 2023 qui aborde le même problème - pour contribuer à instaurer un environnement favorable aux affaires dans le secteur minier et mettre fin à l'exploitation abusive. En effet, l'exploitation et le trafic illégaux actuels des ressources naturelles dans l'est de la RDC alimentent la violence cyclique dans la région en soutenant les groupes armés et en leur permettant de continuer à opérer en toute impunité. L'UE s'efforce de mettre fin à ce cycle destructeur ».
Le Commissaire a également abordé les frustrations suscitées par cet accord en RDC.
« Je comprends que la signature récente du protocole d'accord avec le Rwanda ait suscité des frustrations en RDC. Cependant, une grande partie de ces frustrations est alimentée par des fausses informations et de la propagande mensongère visant à affaiblir le partenariat solide et constructif entre l'UE et la RDC », a-t-il souligné.
Selon Lenarčič, « le protocole d'accord avec le Rwanda constitue une étape supplémentaire dans le processus à long terme visant à soutenir la transparence, la traçabilité, la production et la transformation durables et responsables des matières premières. Ces efforts profiteront à toute la région des Grands Lacs - car ce n'est qu'en travaillant ensemble au-delà des frontières que nous pourrons réformer ce commerce et construire une société plus juste et durable pour tous ».
Le gouvernement congolais avait dénoncé, le 21 février 2024, la signature par l’UE et le Rwanda d’un accord sur la création de la chaîne de valeur pour les minerais stratégiques et critiques. Dans un communiqué signé par le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, le gouvernement congolais estime que la signature d’un tel accord avec le Rwanda, dont le sous-sol ne regorge pas de ces minerais, est une façon pour l’UE d’encourager la poursuite du pillage des richesses congolaises par le Rwanda.
« Tout en reconnaissant la souveraineté des parties signataires, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo dénonce ce Protocole qui, à l'évidence, encourage le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda et contrarie les engagements de l'Union Européenne notamment au point 26 du Communiqué conjoint de la 2ème session du Dialogue politique RDC-UE tenu à Kinshasa les 5 et 6 octobre 2020, engagements notamment de tirer profit de la mise en œuvre du règlement européen sur les minerais de conflit (3T' et or) et les autres dispositions pertinentes, dont celles mentionnées par le Dodd- Frank Act, pour renforcer la lutte contre l'exploitation illégale des minerais originaires de la RDC », peut-on lire dans ce communiqué.