Des experts, en atelier, se penchent sur les leçons apprises du processus électoral en RDC

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Atelier de l’IRI sur le processus électoral

Un atelier sur des leçons apprises du processus électoral se tient depuis ce mardi 18 juin à Kinshasa, capitale de la RDC. Il est organisé par l’Institut républicain international (IRI) en collaboration avec plusieurs autres organisations dont la fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES), l’Institut national démocratique (NDI), Internews, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Open society et le Centre carter.

Les travaux sont organisés simultanément dans deux salles avec des thématiques différentes et animées par des experts. Pour la deuxième journée, ce mercredi 19 juin, six panels étaient au menu dont trois dans chacune des salles. La sécurité du processus électoral ; les droits de l’homme ; l’appui technique à la CENI d’un côté et, de l’autre, l’inclusion des groupes marginalisés ; le contentieux électoral ainsi que le Dispositif électronique de vote (DEV).

Des PVH ne sont pas des incapables 

Maître Patrick Pindu, coordonnateur national de la Fédération nationale des associations des personnes vivant avec handicap au Congo (FENAPHACO) a exposé sur les leçons apprises par les PVH lors du processus électoral. Dans son intervention, il a fustigé la marginalisation dont continue de faire face cette catégorie des personnes dans la société. Les dernières élections n’ont pas dérogé à la règle. 

Ce qui l'a amené à formuler 3 principales propositions qui faciliteraient la présence des PVH dans les assemblées provinciales et à l’Assemblée nationale : la cooptation des PVH aux Assemblées provinciales et à l’Assemblée nationale ; Réserver des sièges spéciaux au sein de l’Assemblée nationale - s’appuyant sur les cas de certains pays sur le continent - ; Rendre la présence des PVH obligatoire dans les listes électorales. “ Nous sommes des PVH, mais pas des incapables”, a-t-il insisté. 

Ambassadrice IRI Bilenge, Qetsia Feza, candidate aux dernières élections locales, s’est appesantie sur les défis dont les jeunes font face au processus électoral. Elle est revenue sur sa propre expérience bien que n’ayant pas pu se faire élire. “ le discours des jeunes n’est pas facilement accepté dans la société et surtout dans le contexte électoral”, a-t-elle expliqué. Parmi les obstacles, elle a noté la discrimination, la sous-représentation des jeunes dans des formations politiques ou encore l’instrumentalisation de ces derniers. 

Le DEV, une solution ou illusion ? 

Le Dispositif électronique de vote (DEV) a aussi été au centre des échanges. Ce panel a été animé par Trésor Kibangula, coordonnateur de recherche à Ebuteli, un institut congolais de recherche, partenaire du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Nick Elebe, directeur à Open society. Les deux intervenants sont revenus sur les avantages ainsi que les inconvénients de ce dispositif en RDC.

Pour Trésor Kibangula, le DEV paraît être une solution partielle : “ Bien qu’il présente des avantages significatifs, il est confronté à des défis de fiabilité, de transparence et de cadre juridique”, a-t-il déclaré. Parmi les avantages de cet outil, il cite notamment l’uniformité des bulletins de vote ou encore la sécurisation des résultats, alors que parmi ses limites, il note : l’absence de consensus, la fiabilité et pannes ou encore le non-respect du cadre légal. 

Nick Elebe, de son côté, recommande notamment que “les acteurs institutionnels/publics (gouvernement, parlement, services de sécurité), les observateurs et témoins des partis politiques soient formés pour mieux appréhender les particularités et concepts attachés au vote électronique, ainsi que l’observation électorale dans un processus qui implique l’utilisation des machines”. 

Quid de la sécurité du processus électoral ? 

Les participants ont également échangé sur les enjeux liés à la sécurité pendant le processus électoral dans un panel animé par le colonel de la Police nationale congolaise (PNC), Dieudonné Kitumaini. Plusieurs recommandations ont été formulées. Notamment : l’augmentation des effectifs des éléments de la PNC ; des sanctions disciplinaires contre les éléments de la PNC trempés dans la corruption ; un meilleur encadrement des militants par les partis politiques ; etc.

Dans la même salle s’est tenu le panel sur les droits humains. Il a été animé par maître Franck Kamunga, directeur exécutif de l’ONG Droits de l’homme sans frontière (DHSF) et maître Nicole Odia d’Action contre l’impunité pour les droits de l’homme (ACIDH).  Tout en reconnaissant quelques actes qui confirment la violation des droits de l’homme lors du processus électoral, Me Odia note néanmoins que “comparativement au processus électoral de 2018, il y a eu atténuation des violations des droits de l’homme en 2023”. Elle a, par ailleurs, souligné que le citoyen a plusieurs droits en contexte électoral notamment celui à l’information électorale, à l’exercice de liberté publique, ou encore à l’accès à la justice.

A en croire Me Kamunga, de nombreuses violations constatées lors de ce processus électoral tirent leur origine dans les discours de haine. Il a notamment cité le cas d’une dame qui a été lynchée au Kasaï - dans une vidéo qui a fait le tour de la toile - pour avoir exprimé son opinion envers d’un candidat président de la République. “ Renforcer le travail conjoint autour de la lutte contre le discours de haine, la diffamation, la désinformation, l’appel à la violence etc. sur l’espace numérique”, a-t-il entre autres recommandé.

Notons que quatre autres panels étaient organisés mardi 18 juin en ouverture de ces travaux : le rôle et le financement des partis politiques ; l’éducation civique électorale ; l’observation citoyenne ; les discours de haine, la désinformation et les médias. Des recommandations à court, moyen et long terme sont formulées par les participants à la fin de chaque discussion. Toutes ces recommandations seront présentées lors d’une plénière ce jeudi 20 juin. 

Japhet Toko