Est de la RDC: plus de 80 personnes tuées dans différentes attaques des combattants ADF à Madiwe (Beni)

Illustration. Le corps d'une victime d'attaque des ADF à Beni
Illustration. Le corps d'une victime d'attaque des ADF à Beni

Les recherches se poursuivent pour retrouver les corps des victimes des récentes tueries enregistrées depuis mardi 4 juin dans plusieurs villages du groupement Baswgha-Madiwe, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). Selon le décompte fait par ACTUALITÉ.CD et confirmé par les sources locales, au moins 82 personnes ont perdu la vie dans ces violences.

La première attaque a eu lieu la journée du mardi 4 juin dans le village de Masawu, et a fait 17 morts parmi les civils, et ce n’est que mercredi que la nouvelle a été rapportée par les autorités locales. Non loin de là, 5 autres corps ont été retrouvés jeudi 6 juin dans les villages de Kabweli et Mamulese. Bilan confirmé par Justin Kavalami, responsable de la société civile locale qui faisait d’ailleurs partie de l’équipe de jeunes qui avaient fait la découverte de ces corps. Le même jeudi, six autres corps ont été repêchés des eaux de la rivière Loulo, dans le village de Mununze.

« Aujourd’hui nous avons repêché des eaux de la rivière Loulo six corps dans le village de Mununze. Les victimes étaient ligotées, tuées à coups de fer sur la tête et après leurs corps étaient jetés dans la rivière. Un rescapé a réussi à s’échapper et c’est lui qui est venu nous alerter. Parmi les victimes il y a trois habitants d’ici à Mununze, un de Nziapanda et deux autres victimes sont du village de Masawu », explique Kathembo Shabani, chef du village de Mununze.

Plus loin de là, toujours dans le secteur de Beni-Mbau, 13 autres personnes étaient décapitées le matin du même jeudi alors qu’elles effectuaient les travaux communautaires “Salongo” dans le village de Makobu.

L’attaque la plus meurtrière a été enregistrée vendredi 7 juin dans le village de Masala où 38 personnes dont deux agents des services de sécurité ont été tuées à coups de machette ou par balles. Selon les témoins, les assaillants s’étaient déguisés en “patriotes” dits wazalendo actifs dans la zone pour tromper la vigilance de la population.

« Quand les rebelles sont arrivés dans notre village, nous avons cru que c’était des patriotes wazalendo qu’on attendait la veille. La première équipe est arrivée et a commencé à rassembler la population disant qu’ils sont des wazalendo et qu’ils sont venus nous aider à poursuivre les tueurs. Un militaire au grade d'adjudant et un agent de renseignement qui voulaient aussi se joindre à notre foule ont été empêchés par ces assaillants alors qu’ils étaient encore au niveau de l’hôpital. Les rebelles ont demandé au militaire de s’agenouiller et il n’a pas obtempéré, il a essayé de s’enfuir, c’est ainsi qu’on a tiré sur lui et il est mort sur le champ. La  foule s’est ensuite dispersée et c’est comme ça que plusieurs habitants se sont sauvés », témoigne Junior Muhindo, l'un des rescapés de cette attaque. 

Le même jour, trois autres villageois ont été tués à Mahihi et Mapasana. Ce qui porte à 82 le nombre des personnes tuées jusqu’au samedi dernier. 

Ce dimanche, les autorités locales et l’armée ont procédé à l’inhumation de 22 corps retrouvés dans le village de Masala. L’enterrement a eu lieu dans la localité de Mabalako devant les membres des familles inconsolables. L’inhumation d’autres corps va se poursuivre ce lundi car une dizaine de corps ont été abandonnés par l’armée dans le village de Masala faute de moyen de transport et seront levés du lieu de drame aujourd’hui.

Ce bilan de 82 personnes tuées depuis mardi reste provisoire et pourrait s’alourdir car les fouilles se poursuivent dans la zone.

Ces attaques ont été revendiquées par l’Etat Islamique qui annonce avoir tué 60 personnes à Beni.

Yassin Kombi