L'insuffisance criante du financement humanitaire en RDC est mise en lumière par des chiffres alarmants. Chaque déplacé interne ne reçoit en moyenne que 150 Francs congolais par an, soit environ 0,6 dollar, pour survivre, selon l’Observatoire pour la dépense publique (ODEP).
Depuis longtemps déchirée par des violences perpétrées par plus de 120 groupes armés, l'est du Congo a vu le nombre de ses déplacés internes atteindre environ 7 millions. En mars 2024, l'escalade de la violence a entraîné le déplacement d'au moins 250 000 personnes supplémentaires. Le groupe rebelle M23, lié au Rwanda, contrôle maintenant environ la moitié de la province du Nord-Kivu, compliquant davantage l'accès à l'aide humanitaire.
Entre 2020 et 2023, le gouvernement congolais avait prévu un budget de 196 millions de dollars pour les affaires sociales et humanitaires. Cependant, seulement 37 millions de dollars ont été effectivement dépensés, soit à peine 19% du budget prévu. Sur cette somme, environ 50% ont été consacrés aux dépenses humanitaires, soit une moyenne de 4,5 millions de dollars par an. En conséquence, chaque déplacé a reçu en moyenne 150 Francs congolais par an.
Cette allocation humanitaire minime contraste fortement avec les dépenses de certaines institutions nationales. Par exemple, le budget annuel de l'Assemblée Nationale pour 2024 s'élève à 423 millions de dollars, couvrant les salaires, les frais d'installation et d'autres dépenses des députés.
Face à cette crise, l'ODEP appelle depuis 2019 à une réduction du train de vie de l'État et à la promotion de politiques de justice distributive et de solidarité nationale. Ces réformes sont plus urgentes que jamais, étant donné l'ampleur des besoins humanitaires non satisfaits.
Pour répondre aux besoins de base des déplacés internes, une aide de 2 dollars par jour serait nécessaire, soit un total de 2,244 milliards de dollars par an. En incluant les infrastructures et les déplacements, les besoins annuels s'élèveraient à environ 3 milliards de dollars.
Le financement actuel est largement insuffisant pour faire face à cette crise humanitaire sans précédent. Une mobilisation urgente et des réformes budgétaires significatives sont nécessaires pour fournir une aide adéquate aux millions de déplacés de l'est de la RDC, conclut l’ODEP.