En marge de son séjour à Paris, le président Félix Tshisekedi a échangé ce mercredi 1er avril 2024 avec les Congolais résidant en France. Parmi les revendications des Congolais rassemblés dans la salle Apollo, Espace Charenton, figurait notamment une plaidoirie pour la suppression de la redevance de Développement des Infrastructures Aéroportuaires (IDEF), appelée "GO-PASS".
En réaction, le président Tshisekedi a rappelé à l'assistance que le "GO-PASS" est une taxe, et a exprimé sa préférence pour qu’elle soit utilisée à bon escient, plutôt que de finir dans les poches des ennemis de la République comme par le passé. "Cette affaire de Go-pass me fait rire, parce que c'est une taxe que l’on paie. Ce que je veux, c'est vous entendre dire que les recettes du Go-pass doivent être utilisées pour quelque chose d'utile, par exemple pour améliorer les conditions de nos aéroports. Pourquoi je vous dis ça ? Parce que si vous insistez sur le Go-pass, nous allons insérer cette taxe dans le prix du billet. Vous allez toujours acheter le billet, et lorsque nous l'aurons inséré dans le prix, vous ne la verrez plus, et vous vous réjouirez qu'il n'y ait plus de Go-pass", a expliqué Félix Tshisekedi devant les Congolais et Congolaises.
Cependant, le président Tshisekedi a promis d’étudier minutieusement la question. Il n'exclut pas que la taxe "GO PASS" soit insérée dans le prix du billet. "Je préfère vous entendre dire que les recettes du Go-pass doivent être utilisées à bon escient et non gaspillées comme c'était le cas dans le passé. J'ai été informé qu'un compte avait été ouvert en Afrique du Sud où toutes les recettes du Go-pass étaient versées pour être partagées entre les ennemis de la République Démocratique du Congo. Je vais vous garantir que ça n'arrivera plus ; nous allons voir comment utiliser les recettes du Go-pass à bon escient. Si vous insistez, on peut supprimer le Go-pass, mais je vous avertis que lorsque vous commencerez à acheter vos billets, nous allons l'insérer dedans", a averti Félix Tshisekedi.
La genèse du « GO-PASS » remonte à la période entre 2008 et 2009 sous le règne de Joseph Kabila Kabange. À cette époque, la RDC a connu plusieurs crashs d'avions, causant de nombreux morts, et le ciel congolais était même surnommé par certains experts de l'aviation civile un « cimetière à ciel ouvert », non seulement parce que la plupart des avions qui y opéraient n'étaient pas aux normes, mais aussi en raison de la vétusté des infrastructures aéroportuaires de la Régie des Voies Aériennes (RVA). En même temps, un nouveau comité de gestion était mis en place pour stabiliser cette société de l'État, qui était presque en faillite. Après un bref état des lieux, une décision fut prise visant à la réhabilitation des aéroports de la RDC, par exemple, l'Aéroport International de la Loano, construit en 1952, et celui de N'djili, en 1955.
C'est dans l'optique de trouver des financements pour la modernisation de ces infrastructures aéroportuaires et l'acquisition d'équipements et matériels adéquats que le Français Jean Assice, ex-administrateur général de la RVA, a créé la redevance IDEF le 19 mars 2009, dans le cadre du contrat d'assistance qui liait le gouvernement congolais au groupement KPMG-ADPI. Selon la décision n° RVA/DG/09/2009 (IDEF PASSAGER) et n° RVA/DG/010/2009 (IDEF FRET) du 19 mars 2009, le tarif de perception de la Redevance de Développement des Infrastructures Aéroportuaires, IDEF (GO-PASS), est fixé pour les passagers comme suit : 50,00 $ US par passager embarquant sur un vol international ; 10,00 $ US par passager embarquant sur un vol national. Pour le fret débarqué en vol international, le prix est fixé à 0,070 $ US/kg ; pour le fret embarqué en vol international, à 0,005 $ US/kg ; et pour le fret embarqué en vol national, à 0,009 $ US/kg.
Clément Muamba