Affrontements FARDC-M23 à Mweso : La Communauté Humanitaire Profondément "troublée" par les graves atteintes au Droit International humanitaire et rappelle le devoir de protection des populations civiles

Les collines de Masisi vues à partir de Sake
Les collines de Masisi vues à partir de Sake

La communauté humanitaire s'est dite profondément préoccupée par une nouvelle escalade de violence dans la province du Nord-Kivu, suite aux combats opposant la coalition FARDC-Wazalendo aux rebelles du M23, soutenus par le régime de Kigali. Le Coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo, Monsieur Bruno Lemarquis, a exprimé cette inquiétude dans un communiqué rendu public ce lundi 29 janvier 2024.

"La communauté humanitaire est profondément troublée par les graves atteintes au droit international humanitaire commises ces derniers temps, avec des combats ayant coûté la vie à de nombreux civils, dont des femmes et des enfants, notamment à Mweso, où un bombardement dans un quartier résidentiel le 25 janvier a causé la mort de 19 personnes et blessé plus de 20 personnes", a déclaré M. Lemarquis dans ledit communiqué.

Les parties au conflit sont rappelées à leur devoir de protection des populations civiles. Celles-ci ne sauraient être la cible des combats et ont le droit de recevoir les secours appropriés. Les conséquences humanitaires de l'intensification récente des violences sont alarmantes. Environ 8 000 personnes déplacées internes ont désormais cherché refuge près de l'hôpital de Mweso. Selon la communauté humanitaire, cela fait planer le risque d'un nouveau drame si les combats s'intensifient à proximité de cette installation vitale qui doit être protégée, selon le droit international humanitaire. La zone de santé de Mweso compte plus de 251 000 personnes, actuellement dans un besoin urgent d'assistance humanitaire.

"Il est crucial de garantir la sécurité des travailleurs humanitaires et des civils afin de permettre que l'assistance leur parvienne et d'empêcher une aggravation de la situation humanitaire", a insisté M. Lemarquis.

Cette récente escalade de violence rappelle tragiquement les souffrances endurées depuis des années par les populations civiles affectées par le conflit dans le Nord-Kivu. Plus de 2,5 millions de personnes ont été déplacées et ont un accès limité aux services de base. Les partenaires humanitaires restent déterminés à apporter l'assistance et le soutien nécessaires aux personnes affectées, malgré les contraintes d'accès croissantes.

"Le soutien aux processus politiques en cours est indispensable pour que la paix et la stabilité puissent revenir dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Les populations éprouvées par des décennies de souffrances aspirent légitimement à vivre en sécurité", a rappelé Bruno Lemarquis.

Dans la province du Nord-Kivu, les combats ont repris à Mweso le weekend dernier après quelques heures d'accalmie. Depuis plusieurs jours, les FARDC alliées à des Wazalendo s'affrontent avec les rebelles pour le contrôle de la Cité de Mweso. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont accusé les rebelles du M23 d'avoir dirigé des raids contre des habitations des civils dans la cité de Mweso (territoire de Masisi), faisant 19 morts et 27 blessés.

"Ayant constaté la perte du contrôle de la cité de Mweso, les terroristes du M23, appuyés par l'armée rwandaise, ont dans leur fuite, largué à l'aveuglette des bombes au mortier 120 orientées dans ladite cité causant la mort de 19 personnes et 27 blessés parmi les civils innocents", dit l'armée dans un communiqué.

Les deux parties se rejettent les responsabilités d'être à l'origine des combats. La cité s'est vidée de ses habitants qui se sont réfugiés, les uns à l'hôpital général de référence de Mweso, les autres à la paroisse catholique locale.

Clément MUAMBA