L'attente était palpable dans la salle d'audience improvisée dans la cour de la prison centrale de Makala hier vendredi, où s'est déroulée une audience publique en chambre foraine pour l'affaire Stanis Bujakera. Le directeur de publication adjoint d'Actualité.cd, correspondant renommé pour Jeune Afrique et Reuters, fait face à des accusations graves, notamment de « faux en écriture, falsification des sceaux de l'État », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ».
Alors que la journée semblait promise à une séance brève, le juge président a jeté un voile d'incertitude en annonçant que le tribunal n'avait pas reçu le spécimen de signature ni le sceau que l'ANR devait fournir. De même, le rapport de l'expert, auquel le tribunal avait assigné plusieurs missions, manquait à l'appel. Une situation qui a conduit le juge à annoncer un renvoi pour permettre la réception de ces éléments.
C'est à ce moment que le procureur a créé la surprise en informant le tribunal et l’accusation que l'ANR avait déposé la veille les éléments demandés. Une inversion de rôle qui n'a pas manqué de susciter l'étonnement et l'inquiétude des avocats de Bujakera. Le procureur a aussi déclaré que c’est grâce à ses efforts que l’ANR a été informée que le tribunal demandait ces éléments. Certains dans La Défense de Stanis Bujakera ont même soulevé la possibilité de subornation des témoins, questionnant la relation entre le procureur et l'ANR. « Nous avons fait observer au ministère public que ce n’était pas bien de sa part de dire qu’il est au courant que l’ANR a déposé son rapport, parce que comment, lui, est au courant. Nous avons émis des réserves sur le fait qu’il y ait pu avoir subornation de témoins », fait savoir l’avocat Yana Ndikulu.
Le procureur, quant à lui, a vigoureusement défendu son action, affirmant n'avoir rien fait d'illicite. Il a même suggéré que Bujakera devrait le remercier pour l'information fournie. Dans la foulée, le juge a annoncé que le rapport de l'expert serait finalement déposé dans les heures qui suivaient, mettant fin à un suspense qui avait marqué la séance.
Lors de l'audience du 1ᵉʳ décembre, la défense de Bujakera avait déjà exprimé ses réserves sur la désignation d'un expert greffier pour la contre-expertise, réclamant un expert indépendant et compétent pour garantir l'équité du processus. Une demande justifiée par la conviction que seule une contre-expertise impartiale pourrait exposer les faiblesses du dossier, contribuant ainsi à prouver l'innocence du journaliste. Ledit expert ne s’est jamais présenté devant le tribunal.
Le rendez-vous est désormais fixé au 12 janvier 2024, date à laquelle l'instruction de l'affaire Stanis Bujakera reprendra pour la poursuite de l’instruction ou éventuellement la plaidoirie.