Chronique électorale (J9): Ngalasi Aggrey, un pasteur sur le chemin de la présidence sous le signe divin ?

Kash/Série électorale
Kash/Série électorale

Le 5 octobre, une scène peu commune s'est déroulée aux abords du siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI)à Kinshasa. Ngalasi Aggrey, un pasteur de 69 ans, a déposé sa candidature à la présidence du pays, entouré de ses partisans et ponctuant cet acte par un cantique religieux.

Chef spirituel de l'assemblée chrétienne "La Louange" à Kinshasa, le pasteur a justifié sa démarche en invoquant la volonté divine : "C'est Dieu qui nous a mandatés pour venir déposer notre candidature, car c'est le moment de Dieu, tout simplement. Nous avons obéi à la voix de Dieu."
Présenté comme candidat indépendant, Ngalasi Aggrey rejette les clivages politiques traditionnels et met en avant son engagement religieux. Bien que dépourvu d'une vision politique détaillée, il souligne l'importance de sa conviction religieuse, affirmant : "Aujourd'hui, le Seigneur veut se manifester à travers l'Église, à travers notre modeste personne."

Dans son église, les dimanches sont devenus des jours de campagne électorale, ses fidèles le surnommant "le Moïse du Congo" et clamant : "Moi, je suis là parce que c’est Dieu qui m’a envoyé." 

Le pasteur expose une vision singulière de son implication politique en RDC. Lors d'une de ses allocutions devant une assemblée fervente, il exprime le désir de concrétiser une prophétie liée à la destinée de la RDC en évoquant la vision de « la carte du Congo en Israël ».
Cependant, il reconnaît ne pas avoir de projet spécifique et nie la capacité des politiciens à apporter le salut du Congo. Pour lui, la situation socio-économique préoccupante du pays ne peut être résolue par un humain, soulignant que le sourire doit être rétabli au peuple congolais, un objectif qu'il s'engage à atteindre en se présentant comme un serviteur et non un dirigeant.

Le pasteur se considère comme un représentant de Dieu, déclarant que devenir président de la République relève d'un apostolat divinement orchestré. Il anticipe la fin des rétrocommissions et estime que le Congo ne manque pas de compétences, mais plutôt d'hommes intègres ayant la foi. Concernant les enjeux sérieux tels que la guerre dans l'Est de la RDC, il invoque une intervention divine pour mettre fin à ce conflit.
Ces déclarations ne sont pas les premières incursions politiques du pasteur Ngalasi Aggrey. 

En 2013, son nom a été lié à un projet de direction de la Commission électorale dans le cadre de la "Société civile des églises et confessions religieuses". En outre, des démêlés avec Kutino Fernando, chef spirituel de l'église "Armée de la Victoire", lui ont valu une condamnation en 2006 pour détention d'armes et munitions de guerre ainsi qu'une tentative de meurtre.

Cette candidature du pasteur Ngalasi Aggrey ajoute un élément atypique à la scène politique congolaise, où l'implication des acteurs religieux revêt souvent une importance capitale dans la vie publique du pays. On a également vu certains pasteurs soutenir publiquement le président sortant ou encore s’attaquer à d’autres candidats même en utilisant la désinformation