Festival Pianos de Kinshasa : Les terrasses, de nouveaux espaces d'expression artistique

Photo d'illustration
Festival Pianos de Kinshasa 3 dans une terrasse de la place/Photo droits tiers

Ce n'est pas seulement des boissons qui coulent dans les terrasses ou les bars, mais aussi l'art. Les Kinois, habitués à fréquenter ces lieux pour "prendre un verre", ont pu découvrir une autre facette de ces espaces grâce au Festival Pianos de Kinshasa. Pendant une semaine, deux terrasses ont été investies par des artistes pianistes et leurs pianos, offrant ainsi un spectacle inattendu aux clients, aux passants, et aux amateurs d'art.

Cette expérience n'est pas nouvelle pour le festival. Depuis sa première édition en octobre 2021, l'organisation a toujours réservé une place aux performances dans les bars, qu'elle appelle "Nganda piano". L'idée est de ne pas confiner l'art, en particulier la musique de piano, dans les espaces culturels qui ne sont pas toujours accessibles à tous. Un défi que l'organisation est déterminée à relever, même si les conditions ne sont pas toujours idéales, notamment en raison du bruit qui peut perturber l'écoute des rythmes du piano.

Tous les artistes programmés ont dû se produire à la fois dans un espace culturel et dans une terrasse. La programmation a été pensée de manière à ce que les pianistes, y compris ceux venant de l'étranger, puissent vivre ces deux expériences contrastées.

Selon la pianiste allemande Hanni Liang, chaque lieu a sa propre beauté. L'académie des beaux-arts offre une atmosphère de concert, mais cela ne convient pas à tout le monde. Dans les bars, il y a beaucoup de bruit et de monde, ce qui rend difficile la concentration, mais cela lui a permis de mieux connaître Kinshasa, une ville bruyante par nature.

La vivacité, l'énergie et le mouvement propres à Kinshasa étaient bien présents dans les terrasses, qui étaient accessibles à tous. Pour la pianiste suédoise Sofia Nystrand, responsable de la scénographie du festival et également artiste, cette expérience unique qui a duré environ trois semaines, d'un lieu à un autre, y compris l'hôtel, les espaces culturels et les terrasses, a été une source d'inspiration pour sa musique.

En duo avec Jakob Lindhagen, leurs pièces jouées lors du festival sont lentes et douces, à l'opposé de l'effervescence de Kinshasa. Cependant, ils ont puisé leur inspiration dans l'ambiance de la ville pour créer leur musique.

Pour le pianiste belge Alexander Gurning, qui découvrait Kinshasa pour la première fois, jouer pour des personnes dans la rue, qui ne fréquentent pas habituellement les concerts, était une expérience incroyable. Il considère que cela permet de faire découvrir la musique à un public plus large, en particulier dans les bars, ce qui constitue une révolution pour lui. L'objectif du festival était de rapprocher les gens et de les mettre en contact avec la musique.

Le Festival Pianos de Kinshasa, unique en son genre en RDC et en Afrique subsaharienne, se concentre sur le piano et les pianistes. Il a pour vocation d'être un événement annuel avec des thèmes différents. Au-delà de la musique, il se veut une plateforme de réflexion sur la société congolaise, en utilisant cet instrument de musique comme point central pour aborder les réalités historiques, en particulier celles de Kinshasa.

Emmanuel Kuzamba