Le lévirat et le sororat forcés, désormais punis par le législateur congolais 

Photo/ Droits tiers
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Le Président de la République a signé une ordonnance-loi le 11 septembre, modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant sur le code pénal congolais. Les innovations apportées visent à promouvoir l'égalité entre homme et femme et lutter contre les discriminations basées sur le genre. Parmi celles-ci, l'interdiction du lévirat et du sororat forcés.

Le lévirat est une forme d'alliance qui signifie la reprise en mariage de l'épouse du défunt frère par un de ses frères, le plus souvent son cadet. Le sororat, quant à lui, est un mariage arrangé qui vise à reconduire une alliance matrimoniale en remplaçant la femme décédée par sa sœur cadette. 

Ces pratiques remontent à des millénaires et tirent leurs origines de la Bible. Elles sont plus fréquentes dans les milieux ruraux de la République, explique Vincent Bauna, assistant au département des Lettres et Civilisations africaines, de l'Université de Kinshasa.

"La pratique du lévirat et du sororat a commencé dans la Bible avec l'histoire des Égyptiens, Babyloniens, et Hébreux. Le but poursuivi était la continuation de la procréation de la famille, au cas où le frère décédé n'avait laissé aucun enfant ou un petit nombre. Dans le cas où le défunt avait laissé beaucoup d'enfants, c'était une obligation faite au frère cadet de subvenir aux besoins de la veuve et de ses neveux orphelins. Ces pratiques existent encore aujourd'hui en RDC, surtout dans des milieux reculés. Certaines coutumes chez le peuple Luba, Tetela et le Ne Kongo continuent à les appliquer de nos jours."

L'enseignant salue cette modification du Code pénal et demande que la vulgarisation de cette loi soit faite à tous les niveaux pour permettre à la femme de jouir pleinement de ses droits.

"Qu'il s'agisse du lévirat ou sororat, c'est la femme qui était obligée d'accepter un mari ou de prendre un mari, et de vivre une vie qui n'était pas sienne. Elle vivait cela en silence malgré elle. Mais en tant qu'être humain, la femme doit être respectée et ses droits doivent être pris en compte. Ce genre de pratiques doivent effectivement cesser. Ce texte "doit être vulgarisé auprès de toutes les communautés, surtout locales, pour son application effective," a-t-il conseillé.

Une peine et des amendes 

Pour mettre fin à ces pratiques, le législateur a inséré dans le Code pénal, l'article 174, les alinéas R, S et T, qui dispose : "sera puni d'une servitude pénale principale d'un an à trois ans et d'une amende de cinq cent mille à un million de francs congolais, toute personne qui se rendra coupable du lévirat ou du sororat forcés".

Selon l'esprit de l'alinéa S, le consentement des deux parties est imposé. Toute personne qui organise, encourage ou oblige à commettre ces actes écopera de la même peine.

Nancy Clémence Tshimueneka