Les inondations et glissements de terrain provoqués par de fortes pluies constituent un risque majeur pour les habitants de la RDC. La prévision de ce risque au vu des dégâts catastrophiques qu'il provoque est une priorité. Le Desk femme d'Actualité.cd a fait réagir le fleuriste et environnementaliste Jean Mangalibi Mosengo pour desceller les causes et moyens de prévention des inondations à Kinshasa.
Bonjour Monsieur Jean Mangalibi et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités ?
Jean Mangalibi Mosengo : je coordonnateur de l'ONG "Les Amis de la Nature et du Jardin" et chargé de communication de SOS Kinshasa.
Si vous deviez définir une inondation, que diriez-vous ?
Jean Mangalibi Mosengo : On parle d'inondation lorsque l'eau déborde des limites normales d'un cours d'eau, d'une rivière ou d'un autre plan d'eau ou s'accumule dans une zone habituellement sèche.
Il existe deux principaux types d'inondations : les inondations par submersion. Elles sont lentes, se développant sur des heures ou des jours, tandis que les inondations soudaines se produisent soudainement, souvent sans avertissement, généralement en raison de fortes pluies.
Quelles sont les causes et les conséquences d'une inondation particulièrement à Kinshasa ?
Jean Mangalibi Mosengo : Moi, je dirai, que c'est la mauvaise urbanisation qui est la cause de ce que nous sommes en train de vivre. On se retrouve aujourd'hui à Kinshasa avec des quartiers qui ne respectent pas les normes urbanistiques. Selon les principes, une maison doit occuper 40 % de la superficie de la parcelle. Sur le reste de la superficie on peut mettre le parking. Actuellement, les 80 % des maisons qui ont eu à exister dans les normes occupent 90 % voire 100 % de la surface de la parcelle. Cela a pour incidence que le volume d'eau augmente à tout moment. Les caniveaux construits dans le temps ne peuvent plus recevoir l'eau.
Un autre problème, ce sont les constructions anarchiques. Selon les règles, le long de la rivière, il faut laisser entre 30 à 50 mères, mais les populations continuent de construire près de la rivière. Cette règle s'applique aussi pour les habitations construites le long du fleuve. Normalement, cela ne devrait pas se faire. Il y a également la problématique de la gestion des déchets. Je prends l'exemple de la baie de Ngaliema et les constructions anarchiques qui se font tout près de l'hôpital de Kintambo : ce qu'on est en train de faire là, c'est criminel.
Quelles sont les mesures préventives pour les inondations ?
Jean Mangalibi Mosengo : Il faut mettre les gens qu'il faut à la place qu'il faut. Il y a un gouverneur mais il ne mérite pas d'être gouverneur de Kinshasa ainsi que le Ministre de l'urbanisme et habitat et celui des affaires foncières. Nous voulons avoir de bons technocrates. Quand on met les autorités compétentes aux postes qui leur reviennent et que ces dernières prennent les bonnes mesures, vous verrez que Kinshasa va mieux respirer.
Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), près de 2,9 millions de personnes ont été déplacées à cause des graves inondations qui ont frappé l'Afrique Centrale et l'Afrique de l'Ouest. La République Démocratique du Congo n'est pas épargnée par cette calamité naturelle. En mai 2023, 438 personnes ont perdu la vie et une cinquantaine ont été blessées suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues à Bushushu, dans le territoire de Kalehe, province au Sud-Kivu.
Propos recueillis par Grace GUKA