Procès de six militaires à Goma : la défense souhaite faire comparaître le gouverneur Ndima

Constant Ndima, Gouverneur militaire du Nord-Kivu
Constant Ndima, Gouverneur militaire du Nord-Kivu (Photo. Actualité.cd)

La reprise du procès de six militaires, dont deux hauts gradés impliqués dans le massacre de plus de 50 civils à Goma le 30 août dernier, a eu lieu le mercredi 20 septembre 2023.

En cette journée du jeudi 21 septembre 2023, avant de poursuivre les débats à huis clos, la Défense a formulé une demande singulière. Les avocats de la défense et ceux de la partie civile ont sollicité la comparution du gouverneur militaire, invoquant la nécessité de sa présence.

Maître Léon Mbiya, représentant de la Défense, a souligné l'importance de la présence du gouverneur, en tant qu'autorité provinciale et commandant de toutes les opérations, conformément à la loi qui a institué l'état de siège à son article 5. Le colonel Mike Mikombe, prévenu déféré devant la cour militaire du Nord-Kivu, détenait une position hiérarchique dans la province. Les avocats de la Défense ont également contesté la version du gouverneur militaire, qui prétend que le colonel Mike a agi de sa propre initiative. Selon eux, l'ordre opérationnel assignait des tâches spécifiques ce jour-là aux commandants.

Cependant, le ministère public et les avocats de la République s'opposent catégoriquement à la comparution du général Ndima. Maître Olivier Midagu, avocat de la République, a déclaré que bien que le gouverneur ait donné des ordres, il n'a pas incité à tuer délibérément les gens. Selon lui, les militaires ont pris des décisions sur le terrain et agi de leur propre chef. Il a également critiqué la tentative de la Défense de faire porter la culpabilité sur le gouverneur.

L'audience se poursuit à huis clos depuis 15 heures, jusqu'à la rédaction de cet article.

Il convient de rappeler que les militaires de la Garde Républicaine sont poursuivis par le tribunal pour des crimes contre l'humanité, notamment des meurtres, des destructions malveillantes et l'incitation de militaires à commettre des actes contraires à la discipline militaire.

Le 30 août dernier, une intervention militaire avait entraîné la mort d'au moins 51 personnes, 78 blessés, et 148 arrestations à Goma. Cette intervention avait précédé une manifestation organisée par la secte messianique Uwezo wa Neno/Wazalendo, protestant notamment contre la présence de la MONUSCO et de la force de l'EAC en République démocratique du Congo.

Suite à ces manifestations, la Justice Militaire a été rapidement mobilisée. Six individus, dont deux officiers hauts gradés de l'armée, sont actuellement appelés à comparaître. Ils font face à des accusations de crimes contre l'humanité, de destruction délibérée, et d'incitation de militaires à enfreindre la discipline.

Yvonne Kapinga, à Goma