Goma. Le cimetière de Makao a connu un lundi sombre. Plusieurs cercueils, dont certains restent sans identification, ont été mis en terre à la suite des violences du 30 août, où une manifestation avortée a été sauvagement réprimée. Les témoignages, lourds de tristesse et de colère, décrivent une situation effroyable pour les habitants de la région.
Le député Jean-Baptiste Muhindo Kasekwa confie son indignation et son incompréhension face à cette tragédie. Il dénonce le traitement inhumain subi par la population de Goma. Selon lui, même dans les heures les plus sombres de la douleur, les familles n’ont pas eu le droit de vivre leur deuil : « L'identification des corps a été empêchée. Une mère, privée de ses deux enfants, n'a même pas été reçue au Gouvernorat pour pleurer ses disparus. Son époux, lui, est enfermé de manière arbitraire à la prison centrale. »
Ce tableau sombre est complété par d’autres situations tout aussi glaçantes. « Une autre mère est enfermée à la prison de Munzenze. Son mari et son fils ont été enterrés pendant qu'elle était en détention. »
Muhindo Kasekwa pointe du doigt les inconséquences dans le compte des victimes : « Nous avons vu 38 corps, où sont les autres ? Nous sommes face à un crime contre l'humanité. Selon des témoignages recueillis à la Cour militaire, c'est la garde républicaine qui serait derrière ce massacre. »
Sur place, Peter Kazadi, vice-premier ministre chargé de l'Intérieur a représenté le gouvernement central de la RDC. Dans son hommage aux victimes, il a également lancé un appel au calme, mettant en avant la menace extérieure : "L'ennemi rwandais est à nos portes. Nous devons rester unis, et éviter toute manipulation qui pourrait nous affaiblir face à cette menace."
Dans un contexte où l’ombre de la tragédie plane encore sur Goma, cet appel au rassemblement parait pour beaucoup difficile à entendre, tant la douleur et l’incompréhension restent vives.