La gratuité de l'enseignement en RDC : un effort de rééquilibrage salarial pour les enseignants 

Enseignant de l’école primaire Muombe Mwewa
Enseignant de l’école primaire Muombe Mwewa

La mise en œuvre de la gratuité de l'enseignement primaire dans les écoles publiques et certaines écoles conventionnées est l'une des réalisations phares du premier mandat du président Tshisekedi. Initiée en 2019, conformément à l'article 43 de la constitution congolaise, cette réforme garantit la gratuité et l'obligation de l'enseignement de base, englobant également les écoles consulaires hors du territoire national.

Cette démarche a soulevé des préoccupations initiales. En effet, les salles de classe ont été saturées et le système de prise en charge des enseignants a été modifié. Auparavant à la charge des parents, c'est désormais l'État qui assume ce rôle. Il a procédé à un réajustement salarial, diminuant les plus élevés tout en augmentant les plus modestes. En échange de cette gratuité, les écoles bénéficient de frais de fonctionnement accrus.

Le Premier ministre a partagé en novembre 2022 que l'État congolais soutient précisément 23 150 écoles pour garantir la gratuité de l'enseignement primaire. Dans ce contexte, le budget mensuel consacré aux salaires est passé de 148 milliards à 224 milliards de Francs Congolais, soit une hausse significative de 51,7%.

Avant cette réforme, plus de 350 000 enseignants subissaient le mécanisme de paiement par les parents, avec des salaires souvent irréguliers et s'élevant à 135 000 Fc. Avec l'introduction de la gratuité, la rémunération moyenne est passée à 400 000 Fc en deux ans.

Tony Mwaba, ministre de l'EPST, a déclaré : "Bien que ce ne soit pas l'idéal, considérons d'où nous venons. En deux ans, le salaire moyen est passé de 135 000 Fc, stagnant depuis 18 ans, à 400 000 Fc. La gratuité a été une aubaine pour plus de 350 000 enseignants."

L'État a également mis en place un mécanisme de compensation via les frais de fonctionnement, qui varient selon la taille de l'école. Auparavant, toutes les écoles recevaient 45 000 Fc pour ces frais, mais grâce à la nouvelle administration, certaines écoles, comme le Collège Boboto, ont vu ce montant augmenter à 2 150 000 Fc.

Les écoles consulaires, implantées hors des frontières de la RDC, respectent également ce principe de gratuité, que ce soit en Tanzanie, en Angola ou ailleurs. Les enseignants y sont pris en charge de la même manière que dans les écoles nationales, avec des frais de fonctionnement établis à 7 000 000 Fc.

En juillet dernier, le ministère de l'EPST a dévoilé un outil numérique permettant le suivi du paiement des enseignants, présenté lors d'une cérémonie à Kinshasa, en présence du premier ministre Sama Lukonde. Ce dernier a souligné l'importance de cet outil pour la pérennité du programme de gratuité de l'enseignement.

Au cœur de la rentrée scolaire 2023-2024, les défis persistent. Malgré l'importance de l'éducation, des problèmes tels que l'insécurité entravent une mise en œuvre optimale de ces mesures. Face à ces enjeux, le ministre de l'EPST a réitéré son engagement à améliorer l'accès, la qualité et la gouvernance du secteur.

Emmanuel Kuzamba