Conflit Mbole-Lengola dans la Tshopo:  malgré la présence des forces de l'ordre, les tueries continuent dans la commune de Lubunga

Photo d'illustration
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Il n'y a jamais eu de pareilles tueries ici chez nous à Lubunga (ville de Kisangani), confie au reporter de ACTUALITE.CD un notable de la commune. L’insécurité dans cette contrée de la province de la Tshopo prend des proportions inquiétantes malgré la présence des forces de l’ordre. Les habitants se partagent entre tristesse et inquiétude. “ça me fait mal  quand les tueries continuent dans notre commune”, lâche un habitant.

Un conflit foncier oppose les membres des communautés Mbole et Lengola dans la région.

Léonard Isatuo, ce notable de Lubunga est un ancien bourgmestre de la commune. Il a vu débuter ce conflit en 2022 entre les Mbole et Lengola, au quartier Lokwa - Osio, sur la route Opala, avant de s'étendre sur d'autres quartiers. Plusieurs personnes ont abandonné leurs villages pour se réfugier ailleurs à cause  des incursions des assaillants et des tueries à répétition.

“Elles se passent surtout ces jours dans les quartiers périphériques et non ici  au centre de la commune notamment à Lokata, au PK 41 sur la route Ubundu. Les autorités doivent nous éclairer sur cette situation car ça se passe aux yeux de tout le monde ici. C'est difficile d'aller aux champs, ce sont ceux qui vont dans leurs champs qui sont tués. Nous ne comprenons plus rien, le nombre des morts continue d’augmenter. Je demande à la population de Lubunga de dénoncer tous ces criminels pour que la justice fasse son travail”, a-t-il ajouté.

Côté société civile, Héritier Isomela, président de l’ONG Sauti ya Lubunga, indique que les tueries sont constatées surtout dans les quartiers Lokata, Batiangubu et une  grande partie du quartier Maniema. Dans ces entités, la population vit dans une  inquiétude totale.

L'origine de ce conflit n'est rien d'autre que le conflit foncier. La situation a dégénéré à cause de la signature de 20 contrats par l'autorité provinciale. Ils ont été élaborés par la division provinciale des titres immobiliers Kis. Nord N°O.P /Kis : 499 du 24 février 2023 pour cinq ans. Ce document a été signé par l'autorité  provinciale et le représentant de la société Company Agro pastorale du Congo (CAP CONGO) pour une superficie de 4000 ha.

Selon l’ONG précitée, le bilan, à compter du mois de février, s'élève entre 70 et 80 personnes tuées. Le dernier cas datant de la semaine dernière. Dans les différents sites d'hébergement des déplacés à la commune Kisangani, le CICR a remis une trentaine de tentes, ce n’est pas suffisant compte tenu du nombre élevé des déplacés qui continuent à se diriger dans les sites à cause de la montée des tueries, des pillages et des incendies des maisons.

“J'ai fui mon village à cause des atrocités. Les assaillants ont tué nos frères, nos  sœurs et nos parents ainsi que nos enfants par des machettes. Nous avons passé  des nuits en pleine forêt avec mes enfants sans abris avant d'arriver à la commune   de Lubunga. Pendant ces jours, manger c'est un casse-tête, je suis obligée d'aller  quémander par-ci par-là dans la cité pour avoir à manger, en plus nos enfants sont   victimes des maladies. C’est la rentrée scolaire, où allons-nous passer la nuit ? Nous dormons ici à même le sol, dans les salles de classes”, déclare Saklina, une femme déplacée.

Lubunga  est  une  entité  administrative urbano rurale de la ville de Kisangani. Elle est située à la rive gauche du fleuve Congo. 

Gabriel Makabu, à Kisangani