RDC :  le gouvernement juge "illusoire et contre-productif" de compter sur la MONUSCO pour "pacifier et stabiliser" le pays et demande de démarrer "sans délai" l'accélération de son retrait

Les casques bleus de la MONUSCO. Ph. ACTUALITE.CD
Les casques bleus de la MONUSCO. Ph. ACTUALITE.CD

Le paysage politique et sécuritaire de la République Démocratique du Congo (RDC) connaît des remous intenses. Le gouvernement congolais a officiellement sollicité un retrait anticipé de la Mission de l'Organisation des Nations-Unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO), estimant son rôle "illusoire et contre-productif" dans la quête de pacification du pays.

Christophe Lutundula, Vice-Premier Ministre et ministre des Affaires étrangères, dans une démarche résolue, a récemment interpellé le Président du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. L'objet : faire part de la décision congolaise d'anticiper le retrait de la MONUSCO, initialement prévu pour 2024, à la fin de cette année 2023.

Au cœur de cette sollicitation, une déception manifeste, estime le gouvernement, vis-à-vis de l'efficacité de la MONUSCO. Après un quart de siècle de présence sur le territoire congolais, la mission onusienne, malgré des ressources considérables investies, n'a pas réussi à mettre fin aux rébellions et autres conflits armés déchirant la RDC et la Région des Grands Lacs.

« Après tant d'années, tant de milliards dépensés, où sont les résultats tangibles? Les groupes armés, dont le M23 et les forces rwandaises, continuent de sévir, notamment dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu », a dit Christophe Lutundula.

Il est clair que pour Kinshasa, le temps est à l'action. Face à une situation d'agression manifeste de la part de forces extérieures et la montée de groupes armés terroristes sur son sol, le gouvernement congolais entend réaffirmer sa souveraineté, restaurer la paix et propulser son programme de développement national.

Le chef de la diplomatie congolaise, ne mâchant pas ses mots, souligne que « l'heure n'est plus à l'inertie. L'accélération du retrait de la MONUSCO est une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions entre cette dernière et nos concitoyens. Il est temps d'explorer de nouveaux mécanismes de collaboration avec les Nations Unies, davantage en phase avec nos réalités actuelles. »

L'insistance de la RDC intervient dans un contexte tendu, marqué par des manifestations massives à Goma réclamant le départ de la MONUSCO, des manifestations ayant tragiquement causé la mort de plus de 40 personnes. Face à cette crise, des mesures disciplinaires ont été adoptées, dont la suspension de deux officiers de l’armée.

Le Président congolais, Félix Tshisekedi, ayant pris la mesure de la gravité de la situation, avait déjà donné des directives plus tôt cette année pour réévaluer le plan de retrait de la MONUSCO, suite aux évènements tragiques du Nord-Kivu et de la fusillade à Kasindi.

Le sort de la MONUSCO semble donc pendre à un fil. La décision finale appartient désormais au Conseil de sécurité des Nations-Unies, qui devra prendre en compte cette demande pressante tout en mesurant les implications sécuritaires et humanitaires pour la RDC.

Clément MUAMBA