Dans une opération audacieuse qui a pris de court la ville de Beni, l’imam Umari Abdallah Muhindo, responsable de la mosquée Taqwa à Letroc, a été arrêté par l’armée dimanche dernier. L'annonce a été faite ce vendredi à la presse locale.
L’imam Muhindo, qui dirige la mosquée la plus importante de la zone de Mabakanga, est accusé d'avoir initié des enfants au djihad et de les avoir recrutés pour le compte du groupe terroriste Al-shabaab. Cette organisation serait, selon certaines sources, liée aux rebelles ougandais ADF, tristement célèbres pour leurs multiples massacres de civils à Irumu et Beni.
L'arrestation a eu lieu à son domicile, suite à des dénonciations faites par des enfants qu'il aurait initiés. Le capitaine Anthony Mualushayi, porte-parole des opérations Sokola 1, a dévoilé à la presse : « L’un de ces enfants, sur le point de rejoindre Al-shabaab, a été arrêté au Kenya. Nous avons également intercepté une conversation ce vendredi matin entre l’imam et des chefs opérant en brousse, donnant des directives à cet enfant pour rejoindre les rangs terroristes. »
La situation s'assombrit pour l’imam Muhindo, également fondateur de l'ONG FLAIS, "Fondation de la lumière pour les affaires islamiques". Cette organisation serait un canal par lequel de nouvelles recrues seraient intégrées. Par ailleurs, l'armée a annoncé avoir capturé des jeunes, éduqués au djihad, et un autre imam dans le quartier Ntoni.
Ces accusations sont d’autant plus surprenantes que l’imam Umari Abdallah Muhindo, aujourd'hui présenté avec 13 autres personnes arrêtées, est une figure médiatique à Beni. Il est connu pour ses émissions radiodiffusées dans lesquelles il condamnait fermement le djihad prôné par les rebelles ADF.
En 2016, il confiait à l’agence de presse Anadolu : « Dans mes émissions, je m’efforce de démontrer que l’Islam n’a jamais prôné le terrorisme. Le Saint Coran prône l’humilité, la paix et la tolérance. Jamais la violence. »
Alors que la ville de Beni retient son souffle, l’armée prépare la tenue d’audiences pour établir la responsabilité de chaque accusé. L'affaire, déjà explosive, promet de bouleverser le paysage religieux et sécuritaire de la région.
Yassin Kombi, à Beni