Corneille Nangaa, l'ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et actuel président du parti politique "Action pour la Dignité du Congo et de son peuple" (ADCP), a vivement critiqué l'état de siège en vigueur dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri en République démocratique du Congo (RDC).
Dans une déclaration faite sur ACTUALITE.CD, Nangaa a souligné que l'état de siège, instauré depuis le 3 mai 2021, a affaibli les fondements de la souveraineté de l'État et a exacerbé la criminalité dans les provinces sous militarisation. Il a déclaré que cette mesure n'a pas bénéficié à la République, mais au contraire, a engendré des conséquences tragiques dans les régions du Nord-Kivu et de l'Ituri, notamment une augmentation des pertes humaines, des restrictions politiques et économiques, et une détérioration de la situation sécuritaire dans des villes telles que Bunia, Beni, Butembo, Sake et Goma.
L'ancien président de la CENI a également critiqué le régime d'état de siège pour, dit-il, son inefficacité face aux groupes armés. Il a mentionné l'attaque du M23 à Bunagana ainsi que la montée en puissance de CODECO dans la criminalité. Nangaa a souligné que le bilan est sanglant, avec davantage de morts et une détérioration de la situation dans la région.
Nangaa a qualifié l'état de siège d'attrape-nigaud, émis par des "frères et partenaires fiables" du régime, notamment Paul Kagame. Il a critiqué l'instauration précipitée et unilatérale de cette mesure, en violation de la constitution, sous prétexte de restaurer la paix en éradiquant les forces négatives.
L'ancien président de la CENI a également dénoncé l'utilisation de l'état de siège pour réprimer, soutiens t-il, la dissidence politique interne et pour collaborer avec des institutions militaires d'agression. Il a souligné le paradoxe de voir les forces négatives que l'état de siège était censé combattre devenir des alliées du régime.
Nangaa a appelé à la démission du gouvernement de Sama Lukonde et à la réinstallation des administrations civiles régulières. Il a également critiqué la prolongation de l'état de siège au-delà de la période prévue.
En parallèle, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a remis les conclusions d'une table ronde sur l'état de siège au président Félix Tshisekedi. Les participants ont discuté de la levée, de la requalification ou du maintien de l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Alors que les élections approchent, de nombreux acteurs politiques espèrent la levée de l'état de siège pour permettre le bon déroulement des activités politiques. Cette mesure d'exception est critiquée pour ses résultats insatisfaisants sur le terrain, avec une augmentation des violences perpétrées par les groupes armés.
L'état de siège est en place dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu depuis mai 2021. Les appels à sa levée se multiplient en raison de son impact jugé négatif sur la crise sécuritaire dans la région.