Le Chef de l'État Félix Tshisekedi a instruit le gouvernement de contrôler les organisations humanitaires internationales opérant en République Démocratique du Congo. Intervenant lors de la 105e réunion du conseil des ministres, Félix Tshisekedi soupçonne certaines organisations de « dérive sécuritaire » dans un État en proie aux conflits armés dans sa partie Est depuis près de trois décennies.
« Le Président de la République a été saisi par plusieurs rapports qui renseignent une dérive sécuritaire dans les chefs de certaines institutions humanitaires opérant en République Démocratique du Congo. Face à cette situation, il a indiqué que soit effectué un contrôle sur les organisations non gouvernementales exerçant leur objet social sur le territoire national en vue d'en attester la conformité de l'ensemble de leurs activités aux lois et règlements en vigueur dans notre pays », rapporte le compte rendu de la 105e réunion du Conseil des ministres tenue vendredi 21 juillet 2023.
À en croire Félix Tshisekedi, ce contrôle devrait porter notamment sur la cohérence entre les rapports annuels relatifs aux 5 derniers exercices d'activités desdites ONGs en RDC accompagné d'une synthèse soulignant l'évolution et les différences de performance d'une année à l'autre ainsi que les localisations exactes de leurs activités sur chacune de période sous examen.
« En effet, il y a matière à relever qu'il est inadmissible qu'il existe des connexions anormales soit dans les sources de financement soit dans la supervision de certaines ONG par les personnels expatriés ayant un passé militaire ou paramilitaires qui donnent matière à suspicion légitime quant au risque réel que certaines ONG sous couvert d'activités humanitaire s'adonnent, contribuent à des actions de subversion sur le territoire national », a fait remarquer Félix Tshisekedi dans le compte rendu lu par le porte-parole du gouvernement.
Et d'ajouter :
« C'est pourquoi le Président de la République a instruit le VPM, ministre de l'intérieur, sécurité et Affaires Coutumières, le VPM, ministre des Affaires Étrangères et Francophonie, la ministre d'État, ministre de la justice et Garde des Sceaux ainsi que la ministre d'État, ministre du plan de travailler en commission inter ministériels afin de produire un rapport global sur la question ».
Au mois de janvier de l'année en cours, le gouvernement de la RDC à travers le ministère des Affaires Étrangères et Francophonie avait déjà suspendu tout nouvel octroi de visa aux étrangers à destination des provinces de l'Ituri, du Tanganyika, du Nord et Sud-Kivu.
« Je vous salue et vous demande de suspendre, dès réception du présent message, l'octroie des visas d'entrée en RDC via les territoires soumis à l'état de siège (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika ) et ou à destination desdits territoires en faveur des organisations non gouvernementales (ONG ) », avait écrit le chef de la diplomatie congolaise dans son message officiel, daté de jeudi 12 janvier 2023, adressé à toutes les ambassades et les postes consulaires de la RDC à travers le monde.
Au niveau des diplomates accrédités à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, cette décision a été vivement critiquée d'autant plus que la RDC est l'un des États à forte concentration d’activités humanitaires au monde.
Clément MUAMBA