5ème édition de Kin Graff : des peintres se mêlent de la question de la protection de l’environnement dans une exposition collective

Ph. ACTUALITE.CD
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La cinquième édition du Festival international de Graffiti de Kinshasa se déroule actuellement dans la capitale congolaise. Donner un espace d’expression aux artistes graffeurs figure parmi les grands défis. Il y a également l’espace d’exposition peinture pour la première dans le festival de graffiti. La limite étant mesquine ou inexistante entre le graffiti et la peinture, des graffeurs qui font de la peinture ont ouvert les festivités de Kin Graff avec une exposition depuis le 5 avril.

Dans la salle d’exposition de l’Institut Français de Kinshasa, près de 10 artistes congolais et étrangers exposent leurs œuvres, toutes faisant réfléchir autour de l’urgence actuelle de la protection de la planète. Cela, à juste titre parce qu’à en croire le Programme des Nations Unies pour l’environnement, l'humanité se trouve à une étape cruciale de son existence, car les choix relatifs à la planète faits aujourd'hui, sont d'importance critique pour les forêts, les océans, les fleuves, les montagnes, la flore et la faune sauvages et les autres systèmes qui rendent la vie possible pour les générations présentes et futures.

Halte à la pollution sous toutes ses formes

L’un des artistes qui exposent est Jonatemps Mbomba. Graffeur et peintre, il se sert des tissus jeans pour faire ses tableaux qu’il peint avec de l’eau de javel. Il a développé la technique pendant le confinement, en 2020. C’était une façon de se démarquer et d’innover dans la mesure où on ne pouvait se procurer des matériels habituels. Par la suite, c’est devenu un combat, une marque déposée.

« Pour moi, c’est un combat contre la pollution vestimentaire. Dans notre pays, en parlant de pollution, on fait directement référence aux plastiques alors que d’autres objets que nous laissons par terre polluent aussi. Des objets qui ne sont pas biodégradables tels que nos vêtements peuvent créer des dommages à la terre, jusqu’à infecter sa fertilité », a-t-il fait savoir à ACTUALITÉ.CD. 

Un autre graffeur et peintre, Tatanizo Kobo, s’est concentré sur la consommation énergétique qui laisse des déchets par la suite et qui détruit aussi l’environnement.

« Il y a des éléments qui font partie de notre quotidien mais qui sont nocifs pour l’environnement. Telles que les voitures à moteur thermique, ce que nous utilisons actuellement. Il y a aussi l’électricité nucléaire ou les ampoules électriques », dit-il.

Dans son coin, il a exposé trois tableaux dont un représente une femme de peau bleue couleur des eaux, à chevelure en feuille d’arbre qui laisse entrevoir la flore. Le tout pour dire qu’il est des éléments sans lesquels, il n’y aurait pas de vie sur la planète terre. Dans le tableau qu’il intitule Lutaninu (protection en Kikongo), Tatanizo représente une statue et un masque. Des œuvres d’art qu’on utilisait dans la société ancestrale Kondi, au Kongo-Central. C’était des œuvres protectrices que l’artiste a peintes en vert faisant allusion aux arbres et à l’agriculture.

« J’ai illustré ces œuvres d’art comme des éléments clés pour lutter contre la pollution et permettre un bon développement de l’écosystème », a ajouté Tatanizo Kobo.

Urgence planète

Les scientifiques sont formels, le temps presse pour la planète car 75% des écosystèmes mondiaux sont altérés par l'activité humaine, plus d'un million d'espèces sont menacées de disparition et la prospérité du monde est en jeu : plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services.

Dans l’état de l’environnement mondial de l’année dernière, le Programme des Nations Unies pour l’environnement indique que plus de 70% des surfaces émergées pourraient être affectées par les effets de la construction de routes, des industries extractives, la construction de villes et autres grands équipements autour des 30 prochaines années à moins que des mesures ne soient prises d'urgence.

Cette exposition interpellatrice se poursuit à la halle de la Gombe jusqu’au 25 avril. Les artistes étrangers tels que Stone du Bénin, Madzoo et Zeinixx du Sénégal, Maliciouz du Canada, Dema et HMI de la Belgique participent également à cette exposition.

Emmanuel Kuzamba