De 2023 à 2026, le centre culturel Plateforme contemporaine s'investit encore plus dans l’accompagnement des artistes congolais. Un programme spécial dans ce sens a été élaboré et présenté mardi 4 avril dernier. Cette structure veut donner un coup de main au secteur culturel qui est “abandonné” alors que les talents sont à retrouver dans tous les coins de rue. Cet accompagnement s’étendra d’un bout à l’autre des projets qui seront retenus.
Des résidences seront accordées aux artistes dont les projets en nécessiteront. Cela avec les centres culturels partenaires de la plateforme contemporaine tels que le centre culturel congolais le Zoo à Gombe, le Tarmac des auteurs à Kintambo et l’atelier Losa à Ngaliema. Le programme s'est déroulé, au siège de la plateforme contemporaine, devant la communauté artistique bien représentée par des artistes de différentes disciplines et opérateurs culturels.
Les étapes à suivre pour bénéficier de ce programme d’accompagnement commencent par le dépôt de candidature. Il se fait par la boîte mail « plateformecontemporaine@gmail.com » ou verbalement au siège de la plateforme contemporaine, à Beau marché, dans la commune de Barumbu. Une fois sélectionné, la deuxième phase est celle de la recherche. Pendant 3 mois, l’artiste se documente, fait des recherches et travaille d’abord dans son milieu habituel avec un suivi de l’équipe de la plateforme contemporaine.
Une première restitution est prévue avant l’étape d’après. C’est en ce moment que le projet sera validé. Alors commencera la résidence de création pendant 3 mois également. Une restitution devant un public restreint composé d’experts, opérateurs culturels, partenaires et autres artistes se fera de nouveau.
Par la suite, la plateforme contribuera, avec son personnel administratif, à la constitution du dossier professionnel du projet. Elle a mis en place un package d’accompagnement administratif pour permettre d’élaborer de manière professionnelle le projet en présentant les outils qu’il faut, dont le rapport de la résidence.
En fin de compte, la plateforme contemporaine prendra aussi en charge la promotion du projet pour alimenter les possibilités de soutien de celui-ci. Pour cette douzième année d’existence de cet espace culturel et de fourniture de services d’accompagnement aux artistes, un accent très particulier sera mis sur les projets des femmes qui occuperont les 70% des projets qui seront retenus.
Très peu de projets des femmes ont été soutenus par la plateforme depuis plus de 10 ans. Beaucoup de temps, le rapprochement et l’accessibilité ont été des éléments déterminants pour réussir à faire évoluer celles qui ont soumis des projets, fut un temps. Elle compte rééditer, s’il le faut, ce mécanisme pour en arriver à des projets portés de bout en bout par les femmes.
« Après 12 ans d’existence, nous n’avons accueilli que 4 ou 6 projets de femmes. Et 2 ont évolué et ont eu un accompagnement différent. Ça nous a demandé beaucoup de temps et de patience. Nous nous sommes dits de mettre en place la même stratégie pour les femmes parce qu’elles sont assez lourdes. Elles font des propositions mais souvent n’arrivent pas au bout de leurs projets. L’idée est d’avoir des programmations des festivals où on sent la présence de la femme », a indiqué Dada Kahindo, directrice exécutive de la plateforme contemporaine.
Largement aidée administrativement par la plateforme contemporaine, pour émerger dans sa carrière artistique, Orakle Ngoy, rappeuse, ne se dit pas satisfaite de la situation de la femme artiste congolaise mais accueille chaleureusement la nouvelle de l’accent particulier mis sur les projets des femmes.
« C’est dans le contexte de ma pensée. Mon idée n’est pas que je sois la seule à être soutenue. Mais aussi que ces femmes-là artistes autour de moi, puissent aussi avoir le soutien. C’est une magnifique idée car nous allons atteindre le sens de nos objectifs », a-t-elle dit.
La plateforme contemporaine est un centre culturel qui accompagne financièrement, administrativement et techniquement les artistes de différentes disciplines. Également dans la production et les résidences. Elle a une particularité par rapport aux autres centres culturels, celle de ne pas créer d’œuvres artistiques. Elle existe à Kinshasa, depuis 2011.
Elle a déjà accueilli des projets d’arts plastiques, notamment dans le cadre de la biennale Yango et du laboratoire Kontempo. Cependant, dans ce nouveau programme de résidence, sont les plus attendues, les œuvres de photographie. Pendant tout le mois d’avril, les opérateurs culturels, les artistes ou groupes d’artistes peuvent postuler. La plateforme contemporaine mettra en place des moyens pour que ce programme d’accompagnement soit effectif.
Emmanuel Kuzamba