RDC: “Situation extrêmement grave au Nord-Kivu, un conflit régional qui ne dit pa son nom” (Jean-Pierre Lacroix) 

Jean-Pierre Lacroix

L’ONU dit prendre au sérieux la crise qui s’aggrave dans l’Est de la RDC avec l’avancée du M23 qui se fait accompagner d’affrontements et de nombreux déplacés. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, l’a répété au cours d’une interview sur France 24.

« La situation est extrêmement grave au Nord-Kivu. L’impact humanitaire mérite d’être souligné. Depuis la reprise de l’offensive du M23, il y a eu plusieurs centaines de milliers des personnes déplacées ». 

Il a également souligné la dimension régionale du conflit: « L’autre chose, c’est que nous sommes face à une situation qui a une dimension régionale très très forte. On pourrait même parler d’un conflit régional qui ne dit pas son nom. Les efforts politiques en cours le démontrent parce qu’il implique plusieurs pays de la région ». 

Lors de leur séjour en RDC, les membres du conseil de sécurité avaient quasiment dit la même chose insistant sur le fait que l'accord d’Addis-Abeba demeure la boussole de l’action internationale.

Pour rappel, en février 2013, 11 pays de la région (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Ouganda, République centrafricaine, RDC, Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie et Zambie) avaient signé l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région. Ils avaient ensuite été rejoints par deux autres pays, le Kenya et le Soudan, qui sont aussi devenus signataires de l’Accord-cadre en janvier 2014. L’Accord-cadre définit dans les grandes lignes les principales mesures nationales, régionales et internationales requises pour consolider la paix et la sécurité dans l’est de la RDC et promouvoir la coopération entre les gouvernements des pays de la région.

L’ONU souhaite ainsi appuyer les efforts régionaux.

« Nous soutenons les efforts du Kenya, de l’EAC, de l’Angola, tous ces pays qui s’investissent sur le terrain en déployant des éléments militaires pour conquérir à ramener la paix. D’autre part, sur le plan pratique, notre mission continue malgré les difficultés, y compris les morts qui ont résulté de la reprise des affrontements, tenir des positions importantes, contribué à la sécurisation de Goma, contribuer à la protection des personnes dont de nombreux déplacés », a ajouté Jean-Pierre Lacroix.

Cependant, tout doit se faire dans un cadre mieux coordonné: « Nous devons aussi renforcer notre coopération avec cette force régionale qui s’est déployée de manière que nous soyons à mesure d’appuyer un mécanisme de paix ».

Jean-Pierre Lacroix est également conscient des échecs de la diplomatie avec le cessez-le-feu qui n’est pas respecté.

« Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à pousser avec les partenaires et les pays qui sont investis dans ce processus pour que la cessation des hostilités interviennent. Il y a un certain nombre de leviers dont peut-être disposent les États membres davantage que nous. Du point de vue des Nations unies, nous avons une responsabilité politique et nous exerçons, des contacts à très haut niveau continuent d’être nombreux ». 

A ce stade, après les multiples échecs des initiatives régionales, l’espoir se fonde maintenant sur l’envoi prochain des forces armées angolaises (FAA) dans l’Est de la RDC. Ce contingent dont l’effectif n’est pas encore connu avec précision aura pour mission la sécurisation des zones où sont censées être cantonnés les combattants du M23.