RDC: les artistes haussent le ton sur le cas de l’humoriste introuvable : « vivant ou mort, rendez-nous Junior Nkole »

Le ton est un peu plus monté ces derniers jours chez les artistes pour le cas de leur collègue Junior Nkole, introuvable depuis le 9 février dernier. Déjà 27 jours que cet humoriste est en détention, à priori dans les locaux de l’Agence nationale des renseignements (ANR) et, à en croire certains témoignages. Cela suite à la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’une vidéo, dans le cadre de son travail d’humoriste. Ce qui a été considéré comme incitant au tribalisme.

Les réactions se multiplient sur les réseaux sociaux et dans la presse de la part des artistes, principalement des humoristes. Au-delà des textes de compassion avec la famille, le message est unique et clair : « vivant ou mort, rendez-nous Junior Nkole ». Selon des propos du frère de Junior Nkole, rapporté par Ronsia Kukielukila, le Web Comédien est bien en vie, mais avec une santé en délabrement. Œil gonflé, perte de poids, difficulté de marcher et de s’exprimer, a-t-il détaillé.

Ronsia Kukielukila, lui aussi humoriste, vainqueur du Prix RFI talent du rire 2017, n’y va pas sur le dos de la cuillère pour dénoncer cette arrestation. 

« Je ne sais pas si on attend qu'il y ait mort d'homme pour que justice soit faite. On le prive de voir son avocat, on le tabasse et le maltraite pour une vidéo mal comprise. C'est regrettable. Pourquoi le comité de censure n'intervient pas face à ce cas si minime que vit l'artiste. De la même façon qu'on censurerait une chanson, c'est de la même façon qu'on le ferait pour un sketch tout en relevant les points de faillite du contenu de l'humoriste. Est-ce plus dérangeant que différents détournements d'argent dans ce pays, ce contenu ? Est-ce plus dérangeant que nos frères qui subissent des choses à l'est ? », s’interroge-t-il sur sa page Facebook.

Et d’ajouter :

« Chers artistes, votre silence me dérange énormément face à cette situation que traverse l'humoriste junior Nkole. Je m'adresse aussi aux musiciens, c'est encore nous que vous appelez pour des clips, c'est nous qui partageons vos contenus vu le côté large diffusion que nous avons, toutes les religions nous consomment. C'est encore ce jeune artiste qui, dans ses vidéos, utilise vos sons en n'emmener sourdine pour faire vos promos. Mais regardez comment vous êtes silencieux. Quand il s'agit d'un musicien aussi sale que soit son arrestation nous parlons et combattons avec vous ». 

D’autres réactions et appels à la libération de l’artiste ont fusé sur les réseaux sociaux.

« Le respect de la vie des autres est très important. Tout est éphémère, la gloire, le pouvoir, l'influence. on les emporte nulle part. #jesuisiuniornkole », ont écrit les MPR.

A Marshall Dixon d’ajouter :

« Je ne le connais pas personnellement, mais ce qui se passe n'est pas juste. Libérez Junior Nkole, il n'est qu'un artiste qui peint la société. Changeons la société et ses mœurs et non réduire les artistes au silence »

Papa Sango, un autre Web comédien a abordé dans le même sens, signifiant que la vidéo dénonce plutôt favorise le tribalisme.

« Pendant que nous autres sont en liberté nous buvons, nous mangeons, nous marchons comme nous voulons, il y'a l'un de nous qui est porté disparu juste suite à une vidéo humoristique qui date, dénonçant le favoritisme dans le milieu de nos entreprises privées que publiques. L'humoriste Junior Nkole a été piégé il y a quelques semaines par une dame dont il voulait participer à un tournage. Depuis lors, notre frère n'est pas retourné chez lui. Il est délaissé, pas même besoin de voir son avocat, il ne mange pas bien, sa santé est en danger. Nous déplorons ce comportement à l'égard des artistes Congolais », a-t-il déploré.

Des artistes se sont même réunis en collectif pour la libération de leur collègue Junior Nokole. Ils prévoient, avec la famille, de faire une conférence de presse ce jeudi 9 mars et vendredi 10, un sit-in à la place des évolués. Des t-shirt sur lesquels il est écrit « vivant ou mort, rendez-nous Junior Nkole » se vendent pour la cause, et toute contribution financière est la bienvenue.

A noter qu’après avoir été saisie par le député national Ados Ndombasi, la ministre de la culture, arts et patrimoines, a adressé une lettre à sa collègue ministre d'Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, le 27 février dernier, pour demander son implication afin de parvenir à l'obtention de la liberté de l'artiste humoriste Junior Nkole.

Emmanuel Kuzamba