La décision du gouvernement suspendant l’octroi des visas d’entrée en RDC aux membres des organisations non gouvernementales (ONG) via les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Tanganyika inquiète l’Allemagne car elle réduit la possibilité d’assister les personnes touchées par les conflits dans l’Est du pays. C’est qu’a indiqué mardi 21 février Lars Leymann, le chargé d’affaires a.i de la République fédérale d'Allemagne en République Démocratique du Congo lors du lancement des travaux des négociations intergouvernementales sur la coopération au développement entre la RDC et l’Allemagne. La décision influence aussi la coopération entre les deux Etats, a indiqué le diplomate.
"Dans le contexte de la récente décision limitant l’entrée des ONG dans les quatre provinces de l’Est, nous aimerions donc exprimer notre inquiétude quant au fait que cela réduise de manière disproportionnée la marge de manœuvre des ONG, qui apportent une contribution importante au soutien des personnes touchées par les différents conflits. Comme nous travaillons également avec un grand nombre d’ONG en tant que partenaires de mise en œuvre, cette décision a aussi une influence sur la coopération germano-congolaise au développement", a-t-il fait savoir.
Pour Lars Leymann, “ces négociations se tiennent dans un contexte particulier caractérisé par des chocs exogènes auxquels font face le monde en général et la RDC en particulier, et qui mettent devant nous tous des défis nouveaux ».
"Un autre défi est lié à la nouvelle aggravation de la crise du climat, responsable, non seulement des souffrances pour certaines personnes, mais également d’une exacerbation des conflits dans différentes régions du monde. En République démocratique du Congo, l’aspect environnemental de la dynamique de conflit n’est plus à démontrer. Il existe un rapport de cause à effet entre climat, paix et sécurité, surtout dans l’Est, à travers l'exploitation minière artisanale comme centre de gravité des menaces environnementales pour la paix. Les communautés locales sont alors utilisées par les groupes criminels organisés pour servir leurs intérêts commerciaux et s'empêtrent dans leurs propres conflits pour la propriété et la terre", a-t-il indiqué.
Et de poursuivre :
"Au regard de la situation dans l’Est, l’Allemagne pense qu’il est nécessaire d’accélérer la réforme du secteur de la sécurité. Nous plaidons aussi pour un programme DDRCS efficace qui met au-devant l’aspect relèvement communautaire. Nous encourageons en outre les autorités congolaises à mettre fin à l'impunité grâce à une justice transitionnelle consacrée déjà par plusieurs instruments nationaux de programmation, sans oublier l’amélioration des conditions économiques et sociales de la population".
Au mois de Janvier de l'année en cours, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) à travers le ministère des Affaires étrangères avait décidé de suspendre l’octroi des visas pour les provinces placées sous état de siège. Dans une note de service adressée aux ambassades et postes consulaires de la RDC à travers le monde, le Chef de la diplomatie Congolaise Christophe Lutundula était formel et précisait que cette mesure concerne également les membres des organisations non gouvernementales.
"Je vous demande de suspendre l’octroi des visas d’entrée en République démocratique du Congo via les territoire soumis à l’état de siège", avait écrit Christophe Lutundula, VPM, ministre des Affaires Étrangères.
Le même document renseignait que les membres des organisations non gouvernementales concernés par cette mesure sont interdits de se rendre dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika. Il faut préciser que le Sud-Kivu et le Tanganyika ne sont pas sous état de siège.
Clément MUAMBA