Le collectif Group 50:50, avec le centre d'art Waza, livre, dans le cadre d'un projet commun de Podium Esslingen, un spectacle théâtral musical dénommé « The Ghosts are Returning » traduit en français "Le retour des Fantômes". Il est prévu ce vendredi 17 et samedi 18 février à l’espace Mont des Arts, à Kinshasa. L'objectif est d'organiser un cadre d'échange et de réflexion non seulement sur les questions de la restitution des biens culturels africains mais aussi des restes humains du peuple Mbuti.
Le spectacle "The Ghosts Are Returning", qui va réunir les artistes de la RDC, de la Suisse et de l'Allemagne, raconte l'histoire de "sept squelettes pygmées" de la province du Haut-Uélé déterrés et rapportés par un médecin suisse à Genève en 1952 à des fins de recherche.
Au cours d'une conférence de presse animé en prélude de cet événement, l'un des organisateurs a rappelé la motivation de mettre en œuvre ce projet.
« Il s'agit d'un cas très spécifique de sept squelettes bien documentés dont les noms, le site d'exhumation et différents villages sont connus. On s’est dit peut-être que dans ce long débat, on ne sait pas par quel trou on pourrait creuser ces questions pour soulever de l'intérêt concernant la question de la restitution des bien culturels. De manière non pas simplement combien ça coûte, comment on va le conserver mais de manière à dire il y a eu humanité qui a été bafouée, comment nous pouvons ensemble réhumaniser nos rapports et comment nous pouvons redonner à nos communautés une possibilité d'action sur ces dossiers », a déclaré Patrick Mudekereza du centre d'art Waza.
Le directeur général de l'Académie de beaux-arts, à son tour, a salué la tenue de cette activité.
« C'est un plaisir pour l'Académie de Beaux-Arts d'accueillir cette activité qui rassemble les opérateurs culturels artistiques, les intellectuels et les activistes dans une dynamique mondiale pour militer en faveur de la restitution des biens culturels africains et ancestraux pour faire avancer le processus de décolonisation. Nous nous réjouissons que nous soyons nombreux qui avons pris conscience et qui agissons au quotidien pour faire accélérer ce processus par toutes les dimensions sociales afin de le délier de toute alliance physique et spirituelle et psychologique », a dit le Professeur Henry Kalama, DG de l'Académie de beaux arts.
Par ailleurs, le Groupe 50:50 était parti à la recherche des descendants de ces squelettes dans la région de la ville de Wamba, où il a rencontré les Mbuti, un peuple aujourd’hui menacé par la déforestation, chassé de son habitat naturel et résistant à un système d’exploitation néocoloniale.
En collaboration avec les habitants de Wamba, le Group 50:50 a élaboré un rituel en chant et en danse pour les sept esprits dans l'espoir qu'ils retrouvent la paix. Cette production s'est située à la croisée des genres en reprenant des complaintes funèbres issues de la musique classique européenne et de la musique traditionnelle congolaise et s'est penchée sur les chants polyphoniques ancestraux des Mbuti, qui étaient chantés bien avant que des requiem polyphoniques ne soient composés en Europe.
Rappelons que c'est depuis les années 60 qu'un mouvement mondial d'artistes, d'intellectuels et d'activistes milite pour la restitution des biens culturels africains et des dépouilles ancestrales afin de faire avancer le processus de décolonisation. Le Group 50:50 et le centre d’art Waza présentent The Time For Denial Is Over, un programme discursif qui invite les artistes, activistes et chercheurs d'Europe et d'Afrique à jeter les bases d'un mouvement de restitution transnational .
Grâce Guka