Patrick Muyaya à propos de Paul Kagame: « on instrumentalise les réfugiés parce qu’il y a un calcul politicien derrière, c’est le paroxysme de l’indécence »

Photo d'illustration
Le Président rwandais Paul Kagame

Le Rwanda comptait en novembre 2022 quelque 72.000 réfugiés congolais, selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR). Mi-décembre, Le 12 décembre, ils avaient manifesté dans le camp de Kigeme, contre ce qu’ils qualifient d' actes« discriminations » dont seraient victimes leurs proches en RDC. D’autres, selon les inscriptions sur les pancartes qu’ils brandissaient, disaient vouloir rentrer en RDC. Ils sont environ 15 000 réfugiés sur ce site. Cette manifestation avait été signalée aux médias par les autorités rwandaises.

Ces derniers mois, les relations entre la RDC et le Rwanda se sont tendues davantage. Et la question liée à la présence de ces réfugiés sur le sol congolais refait surface.

Mardi, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a nuancé les propos largement relayés de Paul Kagame qui menaçait de ne plus accueillir des réfugiés congolais: « Ce que le président a abordé, c'est l'hypocrisie flagrante en critiquant et en accusant le Rwanda d’être à la base de l'échec de l'État en RDC, et qui est ensuite censé accueillir ceux qui cherchent refuge contre les conséquences de cet échec (…) Le Rwanda n'a pas l'intention d'expulser ou d'interdire les réfugiés. Nous accueillons toujours les personnes fuyant l'insécurité, la persécution et la violence. Nous demandons à la communauté internationale de prendre la responsabilité de trouver une solution durable pour ce groupe oublié de réfugiés de la RDC ».

Ce mercredi, le gouvernement congolais a réagi: « Les droits humains n’ont aucune valeur pour le président rwandais, ni la liberté d’expression ni la liberté de manifestation. D’ailleurs pour la liberté de manifester, on instrumentalise des réfugiés congolais parce qu’il y a un calcul politicien derrière. C’est le paroxysme de l’indécence », a dit Patrick Muyaya, ministre de la communication et des médias, et porte-parole du gouvernement.

Et d’ajouter:

« Nous comme RDC, nous allons faire notre part, nous allons respecter nos engagements et nous allons travailler à restaurer notre sécurité dans cette partie de notre territoire et nous assurer que nos efforts pour la reconstruction de notre appareil militaire se fassent et pour continuer notre chemin en tant qu’Etat qui veut jouer son rôle stratégique militaire et économique au coeur de la RDC (…). Que le président rwandais devrait s’interdire de prendre en otage la protection des droits de l’homme et qu’il arrête de distraire la communauté internationale ».