« Nous ne pouvons pas continuer à accueillir des réfugiés en provenance de RDC (…). Ce n'est pas le problème du Rwanda. Et nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n'est pas le problème du Rwanda (…). Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau », avait déclaré Paul Kagame devant le Sénat. Les propos ont été largement partagés et commentés dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les activistes n’ont pas manqué de rappeler que le Congo a accueilli des milliers de réfugiés rwandais pendant des décennies sans jamais s’illustrer par le chantage ou les enchères sur cette question.
Mardi, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a nuancé les propos de son président « Plutôt que de relever le défi d'apporter la sécurité et la paix dans une région dont les citoyens ne méritent rien de moins, certains médias ont plutôt choisi de déformer l'appel du président Kagame au leadership et à la responsabilité comme une menace d'expulsion ou d'interdiction des réfugiés ».
Elle s’est montrée moins offensive que Paul Kagame sur cette question: « Ce que le président a abordé, c'est l'hypocrisie flagrante en critiquant et en accusant le Rwanda d’être à la base de l'échec de l'État en RDC, et qui est ensuite censé accueillir ceux qui cherchent refuge contre les conséquences de cet échec ».
Yolande Makolo, dont le père est congolais et la mère rwandaise, est également revenue sur ce qu’elle et son gouvernement attendent de la RDC et de la communauté internationale.
« Rien ne changera jusqu'à ce que la communauté internationale et le gouvernement de la RDC cessent de se soustraire à leurs responsabilités et commencent à s'attaquer aux véritables causes de la crise. Blâmer le Rwanda trahit les citoyens des deux côtés de la frontière, alimente les discours de haine et la persécution, provoquant le déplacement de plus de citoyens congolais ».
Et d’ajouter:
« Le Rwanda n'a pas l'intention d'expulser ou d'interdire les réfugiés. Nous accueillons toujours les personnes fuyant l'insécurité, la persécution et la violence. Nous demandons à la communauté internationale de prendre la responsabilité de trouver une solution durable pour ce groupe oublié de réfugiés de la RDC ».
Le Rwanda comptait en novembre 2022 quelque 72.000 réfugiés congolais, selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (UNHCR).