RDC-violences sexuelles : "2023 devra être l'année où les réparations doivent être lancées conformément à la nouvelle loi", Mamy Kahambu

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Après plus d'une année de travaux intenses, la République Démocratique du Congo s'est dotée d'une loi sur les réparations liées aux violences sexuelles. Mamy Kahambu, basée au Nord-Kivu et Coordonnatrice d'une structure de défense des droits des survivant.e.s revient  en détails sur ses attentes par rapport à cette loi.


"La promulgation de cette loi est un soulagement. C'est aussi un gage pour la réduction et la suppression des cas de violences sexuelles en RDC. La loi va  entraîner une indemnisation des victimes et arrêter ce système de viols" explique Mamy Kahambu, à propos de la lecture de l'ordonnance du Chef de l'Etat le 29 décembre dernier.

Année de la mise en oeuvre


Intitulée loi N°22/065 du 26 décembre 2022, la nouvelle disposition légale fixe les principes fondamentaux relatifs à la protection, à la réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité. En tout, les travaux autour de sa mise en place ont débuté en 2021. Mamy Kahambu propose que 2023 soit particulièrement marquée par le lancement de la mise en œuvre. 


" Le travail sera vain si cette loi ne reste qu'un texte. 2023 devrait être l'année où les réparations doivent être lancées. (...) Il y a plusieurs types de réparations. Elles peuvent être collectives, ce qui renvoie à la construction d'un monument, d'une école, d'un hôpital, d'un mémorial ou un musée pour les survivant.e.s mais aussi, le pardon public. Pour les réparations individuelles, il va falloir une réinsertion scolaire pour les élèves victimes des violences sexuelles, une aide financière pour les commerçantes victimes des violences sexuelles pour les aider à relancer leurs activités, ainsi que les cas les plus graves qui concernent les épouses victimes de viol et répudiées par leurs maris. A ce niveau, l'Etat congolais devra leur garantir une réconciliation ou médiation avec leurs familles. Et pour tous ces cas, il faut aussi la mise en place d'un Fonds de renforcement socio-économique pour ces femmes et ces filles ", conseille-t-elle. 


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Par ailleurs, en tant que survivante également de cette forme des violences, Mamy Kahambu exprime sa reconnaissance aux parties qui se sont engagées dans les travaux. 


"Nous remercions la Première Dame qui s'est impliquée pour la mise en place de cette loi, merci au gouvernement congolais d'y avoir travaillé et au Chef de l'Etat qui, à travers cette promulgation, témoigne de sa volonté à mettre fin aux violences sexuelles de manière générale, et aux violences sexuelles en temps de conflits en particulier" , a-t-elle ajouté. 


Pour rappel, Mamy Kahambu est coordinatrice de la plateforme Synergie des femmes pour les victimes de violences sexuelles SFVS, une organisation qui milite pour la promotion et le respect des droits humains en général et ceux de la femme victime de violence sexuelle en particulier. Elle coordonne aussi le mouvement des Survivantes des Violences sexuelles au niveau de la province du Nord-Kivu. Elle est engagée dans la défense des droits humains depuis 2010 et fait partie de plusieurs réseaux et groupes thématiques de promotion des droits humains. Elle est également chargée du suivi et évaluation du secrétariat provincial de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies et point focal du mécanisme de protection des défenseurs des droits humains au Nord-Kivu dénommé Synergie Ukingo Wetu (SUWE).

Prisca Lokale