Dérogation aux sanctions de l'ONU pour l'aide humanitaire

Une réunion du conseil de sécurité des Nations unies
Une réunion du conseil de sécurité des Nations unies

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi une résolution qui vise à permettre à l'aide humanitaire de se poursuivre sans entrave dans les pays visés par des sanctions onusiennes, en particulier le gel d'avoirs.

Le texte stipule que les "paiements", "ressources économiques" ou "la mise à disposition de biens et services nécessaires pour fournir à temps l'assistance humanitaire ou le soutien d'autres activités soutenant les besoins humains élémentaires" sont "autorisés et ne sont pas en violation des gels d'avoirs imposés par le Conseil" et ses régimes de sanctions.

La résolution s'applique aux agences de l'ONU ainsi qu'aux organisations humanitaires participant aux divers plans d'actions humanitaires de l'ONU.

La communauté des humanitaires réclamait que le Conseil s'assure que "les impacts non intentionnels et indirects des sanctions de l'ONU n'entravent pas leur travail", a commenté l'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield, notant qu'ils voulaient une "dérogation claire et standard" pour tous les régimes de sanctions de l'ONU.

"C'est exactement ce que nous votons aujourd'hui", a-t-elle déclaré, estimant que cette résolution permettrait de "sauver des vies".

Le texte, soutenu au delà du Conseil de sécurité par plusieurs dizaines d'Etats, a été voté par 14 voix pour et une abstention, celle de l'Inde qui a soulevé des réserves.

"Nos inquiétudes proviennent de cas prouvés de groupes terroristes ayant profité de ces dérogations humanitaires et tourné en dérision des régimes de sanctions", notamment celui contre les organisations Etat islamique et Al-Qaïda, a déclaré l'ambassadrice indienne Ruchira Kamboj, qui préside le Conseil en décembre.

Concernant les sanctions contre ces deux organisations, la résolution précise que la dérogation est mise en place uniquement pour une période de deux ans.

"Il y a eu également plusieurs cas de groupes terroristes dans notre région, y compris ceux sur les listes de ce Conseil, qui se sont réincarnés en organisations humanitaires ou groupes de la société civile précisément pour échapper aux sanctions", a également mis en garde l'ambassadrice indienne.

Le comité international de la Croix-rouge a lui salué "un jour important dans l'histoire de l'action humanitaire", espérant que cela permettrait l'accès à des communautés touchées par certains conflits.

Il existe actuellement plus d'une dizaine de régimes de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU qui concernent la Corée du Nord, la Libye, la République démocratique du Congo, ou les talibans.

L'an dernier, après le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan, le Conseil de sécurité avait fait un geste en mettant en place cette exception pour l'aide humanitaire à l'Afghanistan.

AFP avec ACTUALITE.CD