Violences communautaires à Kwamouth: pas d’activités champêtres depuis cinq mois, les prix des produits agricoles ne font qu’augmenter 

Carte du territoire de Kwamouth
Carte du territoire de Kwamouth

Cela fait plus de cinq mois que les habitants du territoire de Kwamouth ne se rendent plus au champ depuis le mois de juin dernier à la suite des atrocités nées du conflit communautaire entre les Teke et les Yaka. 

Les opérateurs agricoles locaux rapportent que la période culturale s'est passée sans activités, avec pour conséquences la destruction des produits dans les champs et la hausse des prix des produits agricoles dans cette partie de la province de Mai-Ndombe. 

A Masiambio, localité située sur la RN17, au ventre de Kwamouth, un bassin de manioc vendu à 10. 000 FC est revu à 15. 000 FC. Un sac de maïs se négociait entre 40. 000 et 45. 000 FC, mais actuellement il varie entre 60. 000 et 70. 000 FC. C'est aussi le cas pour un gobelet d'arachide vendu avant à 1000 FC et est passé à 1800 voire 2000 FC, témoigne une vendeuse rencontrée par le reporter de ACTUALITE.CD au marché de Masiambio. 

"Quand le territoire était en paix, sans atrocités, on vendait un bassin de fufu à 10. 000 FC. Pour le moment, tout le monde a fui. Ce bassin est revu à 15.000 FC parce que les opérateurs ne sont plus là. Un sac de maïs se vendait à 45. 000 FC ou 40. 000 FC pour le moment c'est 60.000 ou 70.000 FC et c'est difficile d'en trouver parce que les cultivateurs ont fui. Le gobelet d'arachide se vendait à 1000 FC pour le moment c'est entre 1800 et 2000 FC", témoigne Huguette Wengoy, vendeuse au marché de Masiambio. 

Mayalu Ngwanga est l'un des agriculteurs habitant Masiambio. Il dit avoir abandonné dans les champs, plusieurs cultures qui risquent de se détériorer faute de de suivi. 

"J'ai laissé les bananes plantains, il y a aussi des étangs pleins de poissons, des étendues de manioc, le maïs, des ananas, on n'a même plus moyens d'aller sarcler, nous n'allons plus au champ, les chemins qui mènent vers nos forêts sont devenus comblés d'herbes parce qu'on y va plus par crainte des assaillants", a-t-il témoigné. 

Cet agriculteur rencontré par notre reporter était en train de piler les grains de palmier au mortier. Il rapporte que tous ceux qui venaient vendre de l'huile de palme à Masiambio n'y viennent plus depuis ces atrocités. 

L'abbé Curé de Masiambio précise que la situation socio-économique est devenue très précaire, même l'argent n'est plus en circulation dans la contrée suite à la paralysie de ces activités. 

" La situation socio-économique est vraiment précaire. Les gens ne vont plus au champ, les gens ne savent plus vendre. Même les petits commerçants qui essaient de vendre n'arrivent pas parce qu'on va acheter avec quoi, il n'y a pas d'argent. Même pour aller au champ chercher les feuilles de manioc, c'est impossible. Les gens souffrent", a déclaré à ACTUALITE.CD l'abbé Chrisostome Esamwala, curé de la paroisse Notre-Dame de sept douleurs de Masiambio. 

Depuis juin dernier, les atrocités à Kwamouth ont déjà fait plus de 200 morts. Le cas le plus récent est celui de l'attaque contre le village Boku lundi dernier qui a fait une vingtaine de morts. 

Jonathan Mesa à Bandundu