Bunagana : Patrick Muyaya évoque des engagements diplomatiques et précise que cela ne veut pas dire que les FARDC sont impuissantes pour lancer les offensives

La cité de Bunagana, frontalière avec l'Ouganda
La cité de Bunagana, frontalière avec l'Ouganda

Il y a de cela plus de 100 jours que le M23 occupe la cité commerciale de Bunagana dans la province du Nord-Kivu. Depuis lors, aucune offensive des FARDC n'a été lancée jusque-là pour tenter de récupérer cette cité entre les mains du M23 soutenu par le Rwanda.

Interrogé sur cette question lors d'un briefing avec la presse, le ministre de la communication et médias Patrick Muyaya justifie cette attitude par les options diplomatiques adoptées par le gouvernement depuis la résurgence du M23. Mais cela, dit-il, ne veut pas dire qu'il n'existe pas d'autres options du côté congolais.

« Nous avons souscrit à deux processus de paix pour ne pas dire trois. Il y a le processus de Luanda autour du Président Joao Lourenço en tant que Président de la CIRGL mandaté par l'union africaine, il y a le processus autour du conclave de Nairobi qui est organisé après notre adhésion en avril dernier à la Communauté des États de l'Afrique de l'Est et puis il y a eu cette médiation française entre le Président Emmanuel Macron et les Présidents Félix-Antoine Tshisekedi et Paul Kagame qui a permis d'avoir cette réunion qui a eu lieu à New-York et dans tous ces forums où nous sommes partis nous avons tous souscrits à un cessez-le-feu, alors nous devons nous être respectueux de nos engagements d'autant plus que ce n'est pas que les forces armées de la RDC ne sont pas en mesure de lancer une offensive pour récupérer Bunagana mais lorsque vous lancez une offensive, il y a des pertes en vies humaines, vous avez des milliers de déplacés et nous savons tous qu'il y a aucune guerre qui ne commence où un affrontement qui commence qui ne s'achève sur une table », a-t-il justifié devant la presse lundi 10 octobre 2022.

Et d'ajouter :

« Nous savons que c'est le Rwanda qui opère derrière le M23 et donc comme nous avons souscris à ces processus de paix, c'est pour ça qu'il n'y a pas des opérations militaires engagées mais ceci ne veut dire que les forces armées ne se préparent pas pour le faire et d'ailleurs nous avons un nouveau commandement militaire. Le général Kasonga à qui je rends hommage et que je félicite, qui était coutumier avec nous ici a été promu donc que ces questions, il y aura des évolutions. Il faut d'abord partir du fait que nous avons souscrit à une cessation d'hostilités de manière conjointe ».

S'agissant de la présence des militaires des pays étrangers sur le sol congolais, Patrick Muyaya indique qu'en adhérant à la communauté des États de l'Afrique de l'Est, ces pays ont compris pour leur émergence, il faudrait qu'il y ait la paix en RDC d'où cette implication. À l'en croire, les ADF étant considéré comme mouvement terroriste, il est combattu toujours en coalition.

« Le président de la République comme avec ses homologues comprennent tous que ne peut véritablement pas parler de paix s'il n’ y a pas de sécurité et lorsqu'on regarde les conditions pour parler par exemple avec l'Ouganda, vous avez parlé de l'UPDF mais les ADF, c'est un mouvement ougandais essentiellement, ils tuent au Congo plus qu'ils tuent en Ouganda, c'est une menace conjointe, c'est un groupe terroriste donc il va de soi comme le terrorisme se combat en coalition que nous soyons en coalition avec eux pour combattre et c'est ce qui se fait actuellement. Dans le cadre des efforts pour le retour de la paix, il faut dire les choses telles qu'elles sont, le besoin de paix en RDC est un besoin immédiat, je lisais encore un article où le nouveau Président Kenyan disait que le Kenya perdait 10 milliards. Le manque à gagner est tellement grand que tous ces pays qui sont autour de nous ont besoin que la RDC retrouve vite sa paix », a-t-il fait savoir.

Il a affirmé que dans le Conops (plan opérationnel qui a été mis en place par les différents chefs d'états major des pays de l'EAC), il n’y a aucune force qui ne viendra opérer en RDC sans un appui stratégique ou un accompagnement des FARDC.

La RDC vient de se doter d'un nouveau commandement à la tête des FARDC. Ces nouvelles mises en place au sein des FARDC interviennent dans un contexte très particulier où l’état de siège, censé ramener la paix à l’Est depuis mai 2021 n'a pas donné des résultats escomptés, Bunagana dans la province du Nord-Kivu est depuis plus de 100 jours dans les mains des rebelles du M23. Face à l'enlisement de la situation, Kinshasa attend de l’aide des troupes de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) qui sa mise en place effective prend encore énormément du temps.

Clément MUAMBA