Kasaï Central : flambée du prix des maïs à Tshibala, pénurie d'eau à Kalomba, les populations bindji vivent dans une misère sans nom

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Les populations bindji vivant dans les secteurs de Mboie et Tshitadi en territoire de Kazumba (Kasaï Central) connaissent une situation sociale particulière due essentiellement aux conditions de vie intenables.

Tshibala: une mesurette des maïs à 7000 FC

Située à 180 km au sud-est de Kananga, la mission catholique Tshibala sainte Marie qui abrite plusieurs écoles de renom, un hôpital de référence se meurt à petit feu. Les écoles notamment l'institut Popopu, véritable fabrique de beaucoup d'intellectuels bindji se trouve dans un état d'abandon total. Pas des bancs, la vieille toiture en tuiles héritée des belges s'est entièrement lézardée et présente de gros risques pour les utilisateurs. A côté de cet état piteux des écoles, le siège administratif du secteur de Mboie présente les vestiges d'une petite bâtisse entièrement en ruines et le chef de secteur a installé son administration sous la véranda de sa résidence, elle aussi en ruines. A côté de ce tableau sombre,  vit une population rongée par la misère la plus noire, sans travail et visiblement désespérée. Comme si cela ne suffisait pas, manger depuis le mois de juillet à Tshibala est un véritable luxe. La mesurette des maïs communément appelée ekolo se vend à 7.000 FC alors qu'au mois de mai, elle était à 1800 FC.

Un ressortissant du milieu attribue la situation intenable de Tshibala à plusieurs causes.

“Il y a absence totale des politiques publiques en faveur de notre entité. Il y a aussi la paresse de la population qui était habituée depuis la crise de Kamuina Nsapu à recevoir de l'aide humanitaire abandonnant le champ pourtant Tshibala a un sol très fertile”, explique Emmany Tshilenda, assistant à l'Institut de développement rural de Tshibala.

Kalomba : la population vit sans eau 

Un milieu réputé où les affaires sont assez florissantes, la mission catholique de Kalomba, 230 km au sud-est de Kananga dans le secteur de Tshitadi connaît une pénurie d'eau qui devient de plus en plus permanente depuis des années. Se laver, cuire les nourritures dans cette bourgade qui a connu beaucoup d'hommes d'affaires bindji à l'instar de Stéphane Katala Tshitupa relèvent d'un parcours de combattant. Tenez, un bidon d'eau se vend à 500 FC et lorsque l'argent manque, il faut recourir aux eaux des sources impropres à la consommation.

“Ici, les sources d'eau qui nous entourent ne sont pas aménagées et leurs eaux changent souvent de couleur. Elles causent en plus des maladies d'origine hydrique. Pour nous ravitailler, nous payons l'argent aux pédaleurs qui vont puiser l'eau dans la rivière Luebo, mettent dans des bidons et traquent avec leurs vélos. Un bidon d'eau nous coûte 500 FC. C'est un véritable calvaire ici”, témoigne l'assistant Félix Tshiamvula de l'institut supérieur pédagogique de Kalomba.

Absence des structures de santé dans plusieurs villages et des routes 

Un autre constat fait sur la terre bindji est l'absence des structures de santé dans plusieurs villages ou l'éloignement de ces établissements sanitaires. Le cas le plus frappant est celui du village de Tshisenge dans le groupement Bashi Gashiwu. Long de 12 km et habité par une population estimée à 10.000 âmes, ce village n'a aucun poste de santé ni une pharmacie de fortune soit-elle.

“Les gens ici recourent aux arbres pour se soigner lorsqu'on est malade. En plus de la pauvreté qui limite l'accès aux soins de santé, notre village se trouve à 11 km de Dibatayi et 7 km de Kabinda de part et d'autre où il existe des postes de santé”, révèle un notable désabusé.

Pourtant plusieurs projets tant dans le domaine d'accès des populations aux soins de santé et l'assainissement de l'environnement ont été développés dans la province du Kasaï Central. A voir ce qui est vécu par les bindji, difficile de croire à ces projets.

Sosthène Kambidi de retour de Tshibala et Kalomba