Kinshasa : les inquiétudes des marchands et de l’administrateur du marché Matadi Kibala quatre mois après leur relocalisation au Camp PM

marché Camp PM
Les vendeurs au marché Camp

Les marchands exerçant autrefois au site de Matadi Kibala ont été relocalisés, sur décision des autorités, depuis la fin du mois d’avril dernier au marché Camp PM nouvellement construit. Environ quatre mois après, l’administrateur gestionnaire de ce marché, Pelé Bofini Botune a, au cours d’une interview accordée à ACTUALITE.CD, fait savoir qu’ils font face à plusieurs difficultés depuis l’effectivité de ce déplacement.

Il pointe notamment du doigt l’espace, un peu étroit comparativement à ce qui a été annoncé afin que la vente se passe dans des conditions optimales.

« Vous savez la position d'abord du marché tel qu'il a été construit, fait que nous sommes non seulement éloignés de la RN1 et la plupart des usagers préfèrent ne pas descendre de leur véhicule pour acheter. Ils restent naturellement à bord. C'est ainsi que les mamans qui s'impatientent, qui pensent qu'à l'intérieur elles ne peuvent pas bien vendre, se retrouvent au bord de la route pour pouvoir vite écouler leur marchandise. En plus de cela, nous avons un réel problème : au départ, il y a eu un protocole d'accord qui a été signé entre le gouverneur de la ville Gentiny Ngobila et le ministre de la défense (Ngoy Mukena, ndlr). On nous devait 3 hectares 43 mètres pour la superficie du marché. Curieusement sur place, nous nous sommes retrouvés confinés dans un espace de 30 mètres sur 100 », a précisé Pelé Bofini Botune, administrateur du marché Matadi kibala.

M. Bofini appelle les autorités à prendre leurs responsabilités afin que la situation soit vite décantée et au risque, dit-il, de faire face à la résurgence des marchés pirates sur l'ancien site.

« Difficile de relocaliser tout le monde. Nous avons écrit à la hiérarchie quant à ce pour respecter le protocole qui avait été signé de 3 hectares. Jusque-là, nous ne faisons que le plaidoyer aux autorités pour nous répondre. En tant qu’administrateur, je n'ai pas des bâtons magiques, c'est l'espace qui pose problème. Nous demandons aux autorités de venir palper la réalité du camp PM. La réalité est que l'espace est tellement petit. Nous avons essayé de nous débattre en évacuant les véhicules qui chômaient çà et là afin de réunir les mamans qui sont en quête de place », a ajouté l’administrateur gestionnaire du marché Matadi Kibala délocalisé au Camp PM.

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La vente est pour l’instant timide. Il règne aussi un désordre car toutes les personnes ne sont pas toutes au même endroit. Certains vendent en pleine chaussée pendant que d’autres sont à l’intérieur du nouveau site. D’autres encore traînent toujours les pas sur l’ancien site. C’est ce qu’ont témoigné quelques vendeurs au micro d’ACTUALITE.CD.  

« Depuis que nous avons été délocalisés, nous sommes globalement dans de bonnes conditions. Il n’y a pas de tracasserie. Mais ce que nous déplorons, la vente est trop timide. Les mamans qui n'ont pas eu de tables ont envahi la chaussée et ne payent pas des taxes comme il se doit », a dit Séverine, commerçante.

« Si au moins tous les commerçants avaient accepté de vendre à l'intérieur, ça allait être la meilleure des choses. Le marché est divisé. Nous, nous sommes ici, d'autres sont à l'extérieur. Les autres sont toujours restés sur l'ancien site. Nous sommes vraiment éparpillés et c'est ce qui provoque cette timidité de la vente. Que les autorités nous viennent en aide. Il faut que tous les marchands soient dans le même cadre », a confié Nicole, vendeuse des vivres frais.

« Les marchés pirates demeurent, ce qui fait que les acheteurs n'entrent pas dans le marché officiel que le gouvernement a construit. Le marché est trop loin (de la RN1, ndlr). C'est ainsi que nous préférons vendre sur la chaussée pour vider notre marchandise rapidement », explique Mme Lukadi, vendeuse des fruits.

Rappelons que la relocalisation des marchands du marché Matadi Kibala est intervenue à la suite d'une coupure de la conduite électrique, qui a causé la mort de 25 personnes, le 2 février dernier. Le gouvernement avait décidé de fermer ce lieu commercial illicite situé dans la commune de Mont-Ngafula afin de prévenir d’autres éventuels incidents.

Grâce Guka