RDC : apprendre à mieux vivre son diabète (Témoignages)

Photo/ Actualité.cd
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En République Démocratique du Congo, la prévalence du diabète varie entre 3,5 et 14% selon l’école de santé publique de Kinshasa (ESPK). Celle-ci précise également qu’en 2016, environ 23 000 décès étaient dus soit au diabète soit à l'hyperglycémie. Le Desk femme est allé à la rencontre des personnes qui ont adopté des nouvelles habitudes pour vaincre le diabète.


« J’ai observé toutes les recommandations des médecins. J'ai pu retrouvé la santé sans que je ne sois guérie du diabète. Cependant, il y a des repas tels que le riz et les haricots que je ne mangerai pas dans le même plat. Quand je dois malaxer mon fufu, je dois aussi maintenir une serviette plus épaisse autour de la marmite, pour protéger mes pieds », confie Rose Mbidi qui se souvient que c'est à 17 ans, qu'on lui a confirmé son diabète après un examen au centre Boyambi de Barumbu, une commune du Nord de la ville de Kinshasa.  


« Nous avons découvert cela à travers quelques symptômes. Par exemple, j’urinais fréquemment et mes urines avait de la mousse. J’avais une soif intense, mes lèvres étaient toutes sèches. Je mangeais davantage sans me rassasier alors que je perdais du poids en même temps. Nous avons visité de nombreux centres de santé et il n’y avait pas de solutions. J’avais un gros ventre qui poussait les gens à croire que j’étais enceinte. On a conseillé à ma mère de se rendre au centre Boyambi de l’Armée du salut à Barumbu. Après une consultation et des examens, ils ont confirmé que j’étais diabétique. (…) Ce n’est pas une maladie d’origine occulte. Dans ma famille, aucune personne n’en a souffert. Je suis la seule personne à souffrir du diabète. Il m’arrive par moment de boire des boissons sucrées et ne ressentir aucun malaise. Je pense que cette maladie peut provenir d’autres aliments que nous ignorons », explique la jeune femme, trentenaire et responsable d’une gargote au quartier Kingabwa à Limete.


Marlon Tshakala et Gédéon Avandi sont  élèves en terminale. L’un habite Lemba tandis que l’autre vit à Makala. Ils s’approvisionnent en insulines au centre BDOM de la 2ème rue Limete. 


« C’est sur une recommandation des parents (qui vivent en provinces) que ma grande sœur m’a amené dans ce centre pour les soins vers 2010. Je n’avais que 5 ans (…). Chaque matin à mon réveil, je vérifie le niveau de sucre avant de prendre ma dose d’insuline. Mes repas sont préparés sans ajout. Avant de sortir de la maison, le soir ou avant de me coucher, je suis tenu de prendre encore une dose de médicament », raconte Marlon Tshakala. 


A Gédéon Avandi de relater également son expérience. « Cela va faire deux ans que je souffre de cette maladie. Cela m’a été confirmé après des examens médicaux dans un hôpital de Lemba. (…) C’est devenu une coutume pour nous. On sait que chaque matin, on doit s’exercer au sport, et prendre un médicament avant de manger ou sortir. Je respecte cela ». 


« Nous avons tous appris à faire des injections »


Honorine Bomanda a 16 ans, elle habite dans la commune de Ngaba. Sœur d’un diabétique, c’est elle qui va chercher l'insuline de son frère au même centre de la 2ème rue à Limete. Elle sait également faire des injections et connaît par cœur ce que son frère ne doit pas manger. 


« Il aura 18 ans cette année. Mais depuis deux ans, il est malade. C’est un diabète sucré. Nous veillons à ce qu’il ne touche pas à tout ce qui est sucré: les boissons, les bananes, les bonbons, il n’y touche pas. Lorsqu’il prend par moment, des boissons sucrées avec ses amis, il lui arrive de faire une rechute. Il peut perdre connaissance. Mais avec quelques techniques, nous savons comment le réanimer. Nous savons tous comment faire le test et les injections. Je lui donne généralement une dose à 7 heures, une autre à 20 heures. Lorsqu’il se blesse, les plaies ne sèchent pas très vite et le taux de sucre augmente durant toute cette période. A l’hôpital, on nous a dit qu’il y a des chances que sa santé se stabilise. Mais cela peut prendre beaucoup de temps », relate cette élève de 5ème Bio Chimie à Charles Mbutamuntu, une école de Ngaba. 


Ornella Bulumbi, qui souffre du diabète depuis 2012 a également une mère diabétique. Prise en charge depuis 10 ans maintenant, elle rassure sur le fait que sa santé s'est nettement améliorée.

« Nous étions prévenus parce que notre mère en souffre. J’ai observé tous les symptômes que l’on nous disait sur mon corps. C’est à Masina, dans un centre des sœurs que j’ai découvert la maladie. Depuis que je prends mes médicaments, mes lèvres ne sèchent plus. J’ai gagné quelques kilos. Si une personne veut mieux vivre son diabète, il faut respecter toutes les recommandations des médecins. Si je ne le dis pas, personne ne saura que je souffre du diabète », a-t-elle affirmé. 


Par ailleurs, les personnes interviewées ont plaidé pour la disponibilité des médicaments, car,  ces derniers temps, précisent-ils l'insuline se fait rare. Ils insistent pour que le ministère de la santé puisse organiser ses services de telle manière que les médicaments ne viennent pas à manquer.

 

Prisca Lokale