Blaise Ndala, 1er vainqueur du prix de littérature “Cheikh Hamidou Kane” : « être reconnu hors des frontières du pays, c'est s'inscrire dans un certain héritage dont le prestige est souvent occulté »

Blaise Ndala
Blaise Ndala/Ph. droits tiers

L’écrivain congolais Blaise Ndala a remporté, samedi 2 juillet dernier à Dakar, la première édition du Prix international de littérature dénommé “Cheikh Hamidou Kane”, organisé par le Festival international de Dakar (FILID). Ce, grâce à son livre intitulé « Dans le ventre du Congo » paru aux éditions Vallesse en Côte d’Ivoire.

C’est un nouveau prix, n’ayant vu le jour qu’au mois d’avril dernier. Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, l’auteur a dit sa satisfaction, celle de voir son œuvre, qui porte un certain regard sur la mémoire coloniale, être associée à une des grandes figures de la littérature francophone et africaine qui a donné son nom à ce prix, à savoir : Cheikh Hamidou Kane, romancier sénégalais de dimension internationale.

Bien plus, Blaise Ndala s’est dit surpris étant donné que, comparativement à la pratique qui veut qu’un lauréat, pour ce genre de prix, soit prévenu avant qu’il ne soit officiellement déclaré vainqueur, sa consécration ne lui a pas été annoncée au préalable.

« Il y a eu tout d'abord la surprise, car contrairement à une pratique courante en matière d'attribution de prix littéraire, les organisateurs avaient choisi de ne pas prévenir le lauréat. Ensuite, ce fut naturellement le plaisir de voir mon livre honoré par mes pairs loin du Canada où je vis depuis quinze ans, loin du Congo qui constitue, avec la Belgique, le théâtre de cette fiction. C’est aussi la satisfaction de voir ce livre qui pose un certain regard sur la mémoire coloniale qui lie l'Afrique et l'Europe, être associé à un immense africain dont l'œuvre porte elle aussi la marque de cette rencontre brutale entre ces deux régions du monde, j'ai cité Cheikh Hamidou Kane, auteur notamment du grand classique "L'aventure ambiguë" que tout élève congolais devrait avoir lu, ne serait-ce qu'en partie », a dit, à ACTUALITE.CD, Blaise Ndala.

Pour l’auteur congolais vivant au Canada, être reconnu au niveau international signifie, pour lui, s’inscrire dans un certain héritage dont le prestige est souvent occulté.

« Je ne peux nier que dans une longue conjoncture plutôt malheureuse où ceux qui racontent l'objet Congo parlent davantage des drames et du rêve avorté de Lumumba que du grand vivier culturel dont recèle le pays du Prix nobel de la paix Denis Mukwege, être reconnu hors des frontières du pays comme une des figures des lettres congolaises, c'est s'inscrire dans un certain héritage dont le prestige est souvent occulté, celui des femmes et des hommes qui ont tracé le chemin dans lequel je marche depuis mon enfance dans le Bandundu. Ils ont pour noms Paul Lomami Tchibanda, Valentin-Yves Mudimbe, Élisabeth Mweya Tol'Ande, Sony Labou Tansi, Mikanza Mobyem, Philippe Masegabio, et tant d'autres », a-t-il ajouté.

L’auteur et son œuvre

Blaise Ndala, est un écrivain congolais né le 24 juin 1972 en RDC. Il est l’auteur du livre « j’irai danser sur la tombe de Senghor » en 2014 et « Sans capote ni kalachnikov » en 2017.

Son roman « dans le ventre du Congo », paru aux éditions vallesse à Abidjan en Côte d’Ivoire, Mémoire d’encrier à Montréal au Canada ou encore aux éditions seuils en France en 2021, remporte sa troisième récompense dans l'univers du livre après les deux "grands prix de littérature africaine" remportés au cours de l'année 2021, notamment le Prix Ahmadou Kourouma et le Prix Ivoire.

Le prix international de littérature Cheikh Hamidou Kane et le prix international de la poésie Annette Mbaye d’Erneville ont été créés pour honorer les deux parrains dont portent respectivement ces prix, l’écrivain Cheikh Hamidou Kane et la journaliste et poète Annette Mbaye d’Ernville, deux figures ayant fait la fierté du Sénégal, en récompensant  les meilleures œuvres par leur qualité sans tenir compte de la nationalité de l’auteur.

James Mutuba