Le Chef de l'État Félix Tshisekedi a présidé mercredi 15 juin 2022 la réunion du conseil supérieur de la défense élargie aux présidents de deux chambres du parlement. C'est la deuxième réunion du genre depuis les hostilités déclenchées par la rébellion du M23 dans l'est du pays avec le soutien du Rwanda.
Le gouvernement congolais a réaffirmé sa détermination à défendre l'intégrité de son territoire et déploré comme toujours, l'attitude du Rwanda qui est une stratégie de troubler la paix et la quiétude des populations congolaises.
"Cet acte constitue une énième agression et une violation délibérée de l'intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo. Cette attitude belliqueuse du Rwanda procède d'une stratégie annoncée et programmée de troubler une nouvelle fois la paix et perturber la quiétude de nos paisibles et innocentes populations. La République Démocratique du Congo est déterminée à défendre chaque centimètre carré de son territoire", dit le compte-rendu du conseil supérieur de la défense.
Ainsi, Kinshasa exige au Rwanda "de procéder au retrait immédiat de ses troupes sous couvert du groupe terroriste M23 du sol congolais; au gouvernement de la République Démocratique du Congo de suspendre tous les protocoles d'accords, accords et conventions conclues avec le Rwanda".
Il y a une année, la RDC et le Rwanda ont signé à Goma (Nord-Kivu) des accords portant notamment sur la raffinerie de l'Or congolais par Kigali. Plusieurs voix s'élèvent en RDC pour demander la fin de ces accords.
La rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013 par Kinshasa, le M23 a repris les armes fin 2021, en reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.
Les combats se sont intensifiés ces dernières semaines et Kinshasa a clairement accusé Kigali de soutenir cette rébellion.
La semaine dernière, l'armée de RDC avait accusé Kigali d'avoir envoyé 500 de ses militaires dans l'est du pays, ce que le gouvernement rwandais avait une nouvelle fois démenti, comme il nie tout soutien au M23. Lundi, après la prise de Bunagana, l'armée congolaise accusait le Rwanda d'"invasion" de son territoire, en assurant que "toutes les dispositions étaient mises en place pour la reprise en main de la situation".
Depuis plusieurs semaines, des manifestations sont organisées en RDC pour demander la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda. Mardi encore, quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant le ministère des Affaires étrangères à Kinshasa pour demander l'expulsion de l'ambassadeur du Rwanda, Vincent Karega. Celui-ci avait été récemment convoqué pour recevoir une mise en garde "sévère", selon les autorités congolaises.
Les relations entre Kinshasa et Kigali sont tendues depuis le génocide au Rwanda en 1994, avec l'arrivée massive en RDC de Hutu rwandais accusés d'avoir massacré les Tutsi, chaque pays s'accusant mutuellement de soutenir des groupes rebelles antagonistes. Elles s'étaient apaisées après l'arrivée au pouvoir, début 2019, de Félix Tshisekedi, mais la résurgence du M23 a ravivé les tensions.
Clément MUAMBA