Procès Chebeya: comment Mwilambwe est parti de l'inspection générale de la police à l'auditorat militaire jusqu'à se retrouver à l'ANR? (récit de l'ancien auditeur général de FARDC, le Général Ponde)

Paul Mwilambwe, témoin clé dans le procès Floribert Chebeya
Paul Mwilambwe, témoin clé dans le procès Floribert Chebeya

L'ancien auditeur général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), le général Joseph Ponde a, au cours de l’audience de mercredi 30 mars, relaté comment le prévenu Paul Mwilambwe est parti de l'inspection générale de la police passant par l'auditorat jusqu’à se retrouver à l'agence nationale de renseignements (ANR) après l'assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

“Je devrais mener l'enquête sur l'affaire de l'assassinat de Floribert Chebeya et Bazana. J’ai mis des batteries en marche pour retrouver tous ceux qui étaient impliqués de loin et de près dans cette affaire. Mwilambwe était technicien chargé des vidéos de surveillance à l'inspection générale de la police. A cette époque-là, le nom Mwilambwe n'apparaissait pas. Le nom Mwilambwe apparaît lorsque je fais descendre une équipe des magistrats à l'inspection générale pour aller s’enquérir de la situation et savoir si les équipements de vidéo étaient là. Malheureusement, ils n'ont rien trouvé. Ils ont juste trouvé un registre où étaient repris les noms des personnes qui devraient être reçues par l'inspecteur général, qui était à l'époque le général John Numbi”, a relaté le général Joseph Ponde. 

Et de poursuivre:

“Quand l'auditorat général cherche à savoir qui manipule les caméras vidéo, c'est en ce moment que l'on cite le nom Mwilambwe. On avait passé presque un mois à chercher Mwilambwe sans succès. Un matin j'arrive dans mon bureau, un appel anonyme me dit: mon général, Mwilambwe est ici à l'inspection générale, il est dans la salle de messe des officiers, envoyez quelqu'un rapidement. J'envoie mon directeur de cabinet adjoint, le temps que le colonel arrive à l'inspection je me ressaisis, avec le trafic routier nous risquons de le perdre. Vu que le bataillon de la Police militaire était proche, j'appelle le commandant du bataillon PM Djadjidja et il me fait venir Mwilambwe. Pendant qu'on parlait, je reçois deux agents qui se présentent comme des agents de l'ANR me disant que l'administrateur général de l'agence nationale de renseignements (ANR) les a envoyés prendre Mwilambwe. J'ai appelé l'AG, effectivement il me confirme que c'est lui qui a envoyé les gens en promettant qu'après audition, Mwilambwe va retourner à l'auditorat. Depuis lors, Mwilambwe n'est jamais retourné”.

Ainsi, les avocats des parties civiles s'interrogent sur des dispositions légales qui ont poussé l'auditorat à déférer Mwilambwe à l'ANR.

"Pouvez-vous, en tant que haut magistrat militaire, vous incliner devant un appel, pas un écrit, un appel vous instruisant, vous haut magistrat, de déférer à l'ANR le suspect Mwilambwe ? Quelle est la prérogative légale de déférer un suspect ?” s'est interrogé Me Richard Bondo.

“En terme de collaboration des organes institutionnels et ce n'est pas la première fois que je le fasse, la question devrait se poser sur pourquoi l'AG de l'ANR n'a plus remis Mwilambwe à l'auditorat”, a répondu le général Ponde.

La Haute cour militaire poursuit l'instruction sur le fait de désertion mis à charge du prévu Paul Mwilambwe.

Ivan Kasongo