RDC-Exploitation illicite des minerais : Juvénal Munubo rappelle l'urgence d'exiger au Rwanda et l'Ouganda le respect des certificats de la CIRGL sur la certification des minerais

Illustration. Des colis de cobalt dans une mine au Lualaba/Ph ACTUALITE.CD

Dans le cadre du débat général à l’Assemblée nationale jeudi dernier sur le rapport de la commission parlementaire envoyée dans le territoire de Mwenga en vue de recueillir des informations sur l’exploitation illicite des minerais par des sociétés étrangères, les députés ont fait plusieurs propositions et recommandations en vue de permettre de contrôler effectivement ses mines qui sont à la base des conflits intermittents dans l’est du pays.

Pour le député national Juvénal Munubo, la situation de Mwenga est semblable à la situation vécue dans le territoire de Walikale qui est sa circonscription électorale. De ce fait, il a exhorté le bureau de l'Assemblée nationale à dépêcher également une mission d'enquête parlementaire à Walikale pour se rendre compte de ce que l'État congolais perd dans l'exploitation illicite des minerais.

« Ce qui se passe à Mwenga c'est le reflet de ce qui se passe dans plusieurs endroits de la République Démocratique du Congo notamment dans l'Est du pays, raison pour laquelle on a toujours dit que les minerais c'est la mère de la guerre, les minerais du sang dans l'Est de la République Démocratique du Congo. C'est la même situation à Walikale à 300 km de Mwenga, où on trouve plusieurs minerais notamment la cassitérite, le coltan et d'autres qu’on n’a pas encore découvert parce que la prospection minière n'est pas encore très avancée dans notre pays. En dépit de ce scandale géologique, c'est un territoire enclavé où vous pouvez faire facilement 4 jours pour une distance de 250 km pour joindre Walikale vers Goma, c'est un territoire sans énergie, il n'y a même pas une centrale hydroélectrique, c’est une interpellation de voir que les minerais ne soient pas une malédiction pour nos populations que ça soit à Mwenga, à Shabunda », a dit Juvénal Munubo dans son intervention.

Plusieurs sociétés minières et exploitants artisanaux qui opèrent à Walikale « n’existent que sur papier car il y a des titres dormants », d’après M. Munubo.

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Par la même occasion, l'élu de Walikale a rappelé la nécessité d'exiger à certains pays voisins le respect des certificats de la Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL) sur la certification des minerais. Il estime que dans le cadre de contrôle parlementaire, il faut un suivi de la politique minière menée au niveau du gouvernement congolais.

« Il y a quelques années on négligeait la route, les avions atterrissaient sur la route qui relie Walikale à Kisangani et de là partaient du territoire de Walikale des minerais à l'état brut, il n'y a même pas une entité de traitement des minerais, ils sont traités où ? Au Rwanda ou en Ouganda et du coup sur le marché international le Rwanda est comme s'il était premier producteur des minerais en Afrique centrale. Nous sommes avec ce pays dans la coopération sous régionale, nous sommes tous membres du pacte de Nairobi, nous sommes tous membres de la conférence internationale de la région des grands lacs, il existe des certificats de la CIRGL sur la certification des minerais que le Rwanda est censé respecter mais c'est à nous d'exiger dans l'espace de la CIRGL le respect par le Rwanda de ce certificat tout comme le respect par l'Ouganda. Nous comme parlementaires, nous devons nous assumer et suivre dans le cadre du contrôle parlementaire comment la gouvernance minière est menée dans notre cher pays », a recommandé l'élu de Walikale.

Contexte

Les mines du Sud-Kivu avaient défrayé la chronique il y a un mois. Des vidéos tournées à Kamituga montrant des délégations officielles empêchées d’accéder aux carrières gérées par des entrepreneurs chinois ont provoqué un tollé. Au cours de la réunion du conseil des ministres de vendredi 4 septembre dernier, le Premier Ministre Sama Lukonde avait appelé le Gouvernement à sévir contre les auteurs de cette situation « qui est aussi facilitée par la présence des groupes armés qui empêchent le contrôle de l’Etat ».

Le gouverneur du Sud-Kivu, Théo Kasi, avait décidé de suspendre les activités des sociétés chinoises qui exploitent illégalement l’or dans le territoire de Mwenga. Mais à Kinshasa, la ministre des mines, Antoinette N’samba s’est opposée à cette décision précisant qu’elle viole notamment le code minier. Elle a demandé au Vice-premier ministre de l’intérieur d’instruire le gouverneur du Sud-Kivu de rapporter son arrêté.

Clément Muamba et Berith Yakitenge