Musique : « Nini to sali te » de MPR, « Bongo Mutupu » de Kivunge Kyamitofwe, « Letrre à ya Tshitshi » de Bob Elvis, plus que jamais, les artistes veulent éveiller les consciences

Photo d'illustration
Photo d'illustration

Alors que les prochaines échéances électorales se rapprochent, en RDC, la situation socio politique reste une source intarissable d’inspiration pour de nombreux artistes. Au cours des 72 dernières heures, la scène musicale congolaise a vu naître des chansons au contenu interpellant. Décryptage 

« Nini to sali et » (que n’avons-nous pas fait, en Lingala) issu de la mixtape « Première leçon » du groupe MPR, « Bongo mutupu » (mensonge, en swahili) de Kivunge Kyamitofwe  et « Letrre à ya Tshitshi » de Bob Elvis ont littéralement secoué la toile et les mélomanes congolais. 

Dans « Nini to sali te », MPR dresse un bilan accablant : soixante et un an après l’indépendance, le pays peine à trouver sa voie. Famine, insécurité, chômage, manque d’issues  et rêves brisés pour la jeunesse, peu importe les dirigeants, le système reste le même, voir se complexifie avec le temps.

« Ba kelasi pe to tangi, jeûnes et prières pe to sali, ba liens ya famille pe to kati, Il faut ko likia esi to lutter. Nini to sali te ? », un refrain que l’on s’approprie facilement mais dont le contenu reste déprimant à bien d’égard, pour preuves, les initiateurs de la chanson insiste sur le fait que les larmes sont devenues un « style de vie en RDC » et la famine « une identité » congolaise.

En y regardant de plus près, il est surtout question de promesses non tenues et de rendez-vous manqués pour la nation congolaise. Des promesses non tenues pour lesquelles Kivunge Kyamitofwe tire la sonnette d’alarme dans « Bongo mutupu.»  Basé sur le même principe que « Nini tosali te », l’artiste énumère toute une série de promesses faites par les autorités comme le retour de la paix avec l’instauration de l’état de siège dans l’Est du pays, l’accès à l’eau et l’électricité, la gratuité de l’enseignement et bien d’autres qui tardent encore à donner des résultats probants. Dans cette chanson le jugement est sans appel : les autorités mentent et le seul rendez-vous qu’il va falloir tenir à l’œil reste 2023 pour demander des comptes.

Alors ? D’où pourrait bien venir la solution ? Dans sa chanson Lettre à ya Tshitshi", Bob Elvis entame un dialogue avec Etienne Tshisekedi, il lui raconte ce qu’est devenu son pays depuis sa disparition. Il lui explique que son fils est l’actuel président de la RDC et pourtant la situation reste la même qu’avant son arrivée au pouvoir.  Des mésententes entre députés, aux différentes alliances entre politiques en passant par la dégradation du bien-être des congolais, cette chanson de Bob Elvis est quasi un soliloque duquel l’artiste  peine à sortir.

Trois chansons dont le contenu entre indubitablement en résonance avec l’actualité qui prévaut actuellement en RDC : déliquescence du contexte sécuritaire dans l’Est, étiolement du tissus social, chômage et manque de perspective pour la jeunesse, grogne sociale,  jeux de pouvoir au sein de la classe politique tout ceci avec en toile de fond la pandémie de la Covid 19.

Emmanuel Kuzamba &Nabintu Kujirakwinja