CHRONIQUE LITTERAIRE DU YOKA: Rentrée   des   …   casses

La classe d'une école à Beni
La classe d'une école à Beni

Confidences  du  chauffeur  du  ministre

Yélélé pour moi, chauffeur de Son Excellence le ministre d’Etat en charge des Questions Statistiques et Tactiques !   Yélélé pour un pauvre papa  otage  collatéral  de la  rentrée  des  casses .. pardon  des  classes de son fils unique !

Mais  surtout Yélélé  contre   la   Covid-19  qui a  perturbé toutes nos prévisions, qui a défoncé de fond en comble la tirelire de toutes nos économies,    pour   cette  laborieuse rentrée ! Une vraie piste d’obstacles…  Avec  en  effet   la   Covid-19, la  piste  d’obstacles  est devenue  une  course  à  mort   contre  la montre.

…Course  contre  la  montre. Pression sur pression de l’école : minerval, objets scolaires, sac à la mode et uniformes de rigueur ; uniformes frappés de l’écusson d’identification réglementaire. Jupe règlementaire  longue  pour les filles, et  pantalon  classique ample pour  les  garçons. Mais chemise uniforme  unisex.  Et cravate uniforme  unisex.  Uniformes  et unisex   les  pantoufles-ketches style   piquenique, sans   fioritures   et  sans griffe-label.  Uniforme et  unisex   la coiffure, à ras du crâne   pour toutes et tous. Ni curl, ni  afro, ni  rasta, ni punk…

…Ce soir-là de la veille de la rentrée, au moment où j’ai cru  avoir bouclé l’empaquetage   du  compliqué  kit scolaire, voilà   que  débarque le gérant de notre nganda-bar (par ailleurs « Chef de quartier »  autoproclamé) ; il était accompagné d’un gamin d’une dizaine d’années et d’un adolescent d’une quinzaine d’années. Avec un sourire  narquois, le   « Chef de quartier »   me  les   a présentés sans autre forme de protocole : «  Je te présente, me dit-il, tes neveux arrivés de ton village ; ils ont été conduits à l’adresse la plus sûre du quartier, notre nganda-bar. Cher oncle, tes neveux viennent, d’après leurs dires, pour leur   scolarité.  Bon courage ! ». Yélélé pour l’infortuné chauffeur du ministre, pour l’oncle  victime collatérale de la  rentrée  des casses… pardon des classes!

… J’ai cherché en vain au coin du firmament quelque signe de consolation, quelque  inspiration  pour quelque secours de la dernière chance. Et  mes  pensées sont allées droit vers mon ministre.

En arrivant chez mon patron, à l’heure limite du couvre-feu, j’ai aperçu un autobus de transport interurbain en stationnement à côté de  la résidence ministérielle. Le garde du corps en faction devant le portail m’a soufflé que Son Excellence    venait  d’accueillir  de son patelin, et sans préavis,  foule de neveux et de cousins « sang-pour-sang », candidats à la scolarité  gratuite  à  Kin-la-Capitale ; à  Kin-la-Belle …

 

(YOKA  Lye)

04-10-2021