Beni: l'armée attribue l'attaque du site rituel de Muthendero aux miliciens maï-maï recrutés pour régler le compte à une famille régnante à Bashu

Photo d'illustration
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Six personnes ont péri mercredi 15 septembre dans une attaque d'hommes armés à Muthendero, dans la chefferie des Bashu (territoire de Beni) en province du Nord-Kivu, et 8 maisons incendiées. Dans une conférence de presse ténue ce lundi 20 septembre en ville de Beni, l'armée congolaise affirme que l'attaque du site rituel de Muthendero, était menée par des miliciens maï-maï recrutés pour régler le compte à une famille régnante. Le site de Muthendero est localisé dans la chefferie des Bashu, au sud du territoire de Beni:

"Cette tuerie serait l'œuvre des combattants maï maï très actifs dans la région et très souvent utilisés comme supplétifs aux ADF. Nous croyons à un règlement de compte entre deux familles régnantes de la lignée royale autour de la gestion et de l'occupation de la colline sacrée de Muthendero. L'assassin du gardien de la colline juste avant la rencontre de réconciliation convoquée par le mwami pose beaucoup d'interrogations, il en est de même d'autres personnes tuées et des maisons incendiées qui ont tout simplement été ciblées puisque qu'ils ont un lien direct avec ce conflit. C'est comme si il y a eu recours à un groupe armé pour régler le compte à l'autre partie " déclare le général Sylvain Ekenge, porte-parole adjoint de l'armée.

C'était une première attaque qui visait Muthendero, un site sacré pour les Yira ( peuples situés à cheval entre la RDC et l'Ouganda), parmi les victimes, Katembo Kamali, gardien de coutume de la chefferie de Bashu.

«Muthendero est un site important dans la culture locale. D’abord, c’est là où réside le gardien de coutume de Basukali (l’un des clans Nande). C’est aussi un site rituel important pour les Yira, c’est-à-dire les Nande de RD Congo et les Konzo de l’Ouganda où l’on pratique des rites pour l’abondance. C’est donc la culture qui est touchée», avait expliqué à ACTUALITE.CD le journaliste-écrivain Christian Muke, auteur du livre « La Nation Yira».

Dans la région, deux familles à savoir la famille Siriwayo et Abdoul, tous descendants de Kalemire sont en opposition frontale. Le récent différend opposant les deux familles a eu comme pomme de discorde le décès de monsieur Valentin Kasumbakali de la brèche Siriwayo, en date du 30 juillet dernier.

Le camp Abdoul Kalemire 3 alors actuel chef de la chefferie des Bashu avait interdit l'inhumation du corps de Kasumbakali au cimetière ancestral de Muthendero. En dépit de ce refus, le corps du défunt était mis en terre sur le lieu coutumier, avant de constater les indices de profanation de la tombe au lendemain de l'enterrement.

Des villages vidés

Les attaques rebelles ont pris de l'ampleur dans la chefferie de Bashu. La notabilité locale a fait un décompte de 24 personnes tuées en l'intervalle d'un mois. Depuis samedi 11 septembre, des milliers de personnes vident plusieurs villages de la chefferie de Bashu suite à la répétition des attaques des rebelles ADF. Il s'agit notamment des villageois de Kilahu, Vuhombe, Muthethero, Kathikali, Shahuma, Kalambi et Vulambo qui se dirigent les uns dans la ville de Butembo et les autres à Kyondo. Ces villages sont peuplés et  peuvent contenir chacun 5000 personnes.

Yassin Kombi