RDC-Butembo: par peur de tensions, des commerçants ont hésité d'ouvrir à la suite d'un appel à manifestation contre l'état de siège

Monument Historique au coeur de Butembo/Ph ACTUALITE.CD

Les activités ont partiellement fonctionné ce lundi 16 août dans la ville de Butembo (Nord-Kivu), malgré l’appel à observer deux journées villes mortes lancé jeudi par le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) pour exiger la levée de l'état de siège décrété début mai dernier au Nord-Kivu et Ituri.

Certes, jusque tard la mi-journée, nombreux propriétaires de magasins et boutiques du centre-ville ont hésité d'ouvrir leurs portes par peur d'éventuelles tensions.

« A chaque fois que ces jeunes lancent des appels à manifestation, il y a toujours des tensions. Nous observons et comptons ouvrir une fois rassuré sur la sécurité de nos biens », nous a confié Eugène Kakule, rencontré à la porte de sa boutique sur la rue président de la république.

Une crainte justifiée, car depuis la veille, des jeunes ont brûlé des pneus dans plusieurs carrefours, notamment à Base, Mutiri, Rond-point Bayoli, Mutsanga, en guise d'amorce de la manifestation. Ce qui a privé la ville de son ambiance habituelle l'avant midi.

La police s'est déployée au centre-ville pour rassurer les commerçants. Ce qui a encouragé nombreux à ouvrir à la mi-journée.

Cette reprise d'activités est qualifiée par nombreux, notamment la société civile, comme un boycott du mot d'ordre de la Lucha qui a appelé les habitants à observer deux journées villes mortes pour décrier l'inefficacité de la mesure de l'état de siège.

Pour la société civile locale, au stade actuel, les journées villes mortes sont inopportunes et plongent les habitants dans la misère.

« Nous ne soutenons pas cette action de la Lucha. Depuis 7 ans, nous observons des journées villes mortes qui ne nous aident en rien. Au contraire, c'est une stratégie d'autoflagellation de la population. Car même les commerçants qui continuent à nourrir les quelques déplacés que nous accueillons dans la ville, sont contraints à fermer leurs boutiques. Ce n’est pas en séchant les activités qu'on va obtenir la levée de l'état de siège. Nous devons plutôt faire pression sur nos élus pour qu'ils ne renouvellent pas cette mesure inefficace », a déclaré à ACTUALITE. CD Van Germain Katsiwa, vice-président de la société civile de Butembo.

Contrairement à d'autres manifestations de la Lucha, celle-ci n'a pas eu de soutien des groupes de pression, ces puissantes associations de fait dont les jeunes membres ont préféré se ranger derrière leurs leaders, par exemple le député Mbindule Mitono pour le Parlement débout de Furu, qui continuent de soutenir l'état de siège.

Claude Sengenya